Origine et histoire de la Cour de l'Industrie
La cour de l'Industrie est une voie du 11e arrondissement de Paris qui s'ouvre au 37 bis, rue de Montreuil et se termine en impasse. Elle occupe l'emplacement du parc de la Folie Titon, où se trouvait la manufacture de papiers peints Réveillon, détruite en 1789. C'est aussi à ce lieu qu'ont été construits la montgolfière de Pilâtre de Rozier en 1793 et la première ascension libre. À partir de 1853, trois promoteurs — le sénateur Georges de Heeckeren, le maître de forges anglais Robert William Kennard et le banquier Raphaël‑Louis Bischoffsheim — entreprennent la construction d'un programme d'ateliers et de logements ouvriers. L'opération bénéficie d'une allocation impériale prévue par la loi du 22 janvier 1852, qui affecte des fonds issus de la vente des biens de la famille d'Orléans à l'amélioration de l'habitat populaire. En 1853, Heeckeren, Bischoffsheim et Kennard rachètent à Doulcet d'Egligny les ruines de la manufacture Réveillon, édifiée en 1765 dans le parc du pavillon que Maximilien Titon s'était fait construire. L'incendie et le pillage de la manufacture par environ trois cents ouvriers en avril 1789, en réaction à de nouvelles taxes, entraînèrent le saccage du site et contribuèrent à la révolte du faubourg Saint‑Antoine, souvent considérée comme un point de départ de la révolution de 1789. Les immeubles élevés en 1855 par Heeckeren forment trois cours successives : au rez‑de‑chaussée, des ateliers destinés à l'artisanat du meuble ; aux étages, des logements ouvriers. La Cité de l'Industrie répond aux besoins des artisans, bien que, semble‑t‑il, ceux‑ci n'aient pas été autorisés à résider sur place avec leur famille. La troisième cour comprend un bâtiment de force motrice construit en 1902 par les architectes Elie Mignet et Emile Benoist pour un locataire nommé Mahuet, ainsi que plusieurs constructions basses. Longtemps dégradé et menacé de démolition en 1991, l'ensemble a été classé au titre des monuments historiques l'année suivante. Surnommé "37 bis" par ses habitants, le complexe constitue l'un des ensembles les plus authentiques du faubourg Saint‑Antoine. Les cours, pavées et très vastes, apparaissent autrefois presque à l'abandon ; leur sauvegarde résulte notamment de l'action d'habitants réunis en association, mêlant artistes et artisans. La première cour conserve les éléments les plus anciens, avec des façades à pans de bois enduits et un escalier en bois du XIXe siècle. La deuxième cour se compose de petits bâtiments à deux niveaux, datant de 1853, où le rez‑de‑chaussée servait d'atelier et d'écurie et l'étage de logis. La troisième cour abrite la ancienne usine de force motrice à pans de bois hourdés de briques et une série de constructions basses.