Origine et histoire
La croix de carrefour du Chesne est une croix de pierre érigée sur la place centrale du Chesne, dans le département des Ardennes, à proximité de l'église et du canal, à l'intersection de la Grand'Rue, de la rue du Lac-de-Bairon et des routes menant à Louvergny, Tannay et Vouziers. Elle a probablement servi de croix de carrefour, de mont-joie et de repère de chemin où l'on s'arrêtait pour prier, et certains auteurs la situent sur un itinéraire de Compostelle pour les pèlerins du nord. Ce type de monument était autrefois répandu sur les chemins de France, mais il n'en subsisterait aujourd'hui que six ou sept exemplaires sur le territoire national. L'édicule repose sur une base hexagonale ornée d'une ogive sur chacun de ses pans, surmontée d'un fût à six faces creusées d'ogives avec frontons qui abritaient autrefois des statues aujourd'hui disparues. On ne connaît le sujet que d'une seule de ces statues, celle de Saint-Jacques, patron du pays et de l'église paroissiale. Au sommet se dresse une croix de pierre plus récente, qui a remplacé une colonne ornée de figures du Christ et de la Vierge ; l'ensemble mesure environ quatre mètres de hauteur. Le monument reposait initialement sur huit marches, mais au début du XIXe siècle seules deux marches étaient encore visibles. Le creusement du canal des Ardennes a ensuite enfoncé la croix et enterré les degrés, si bien qu'elle se retrouvait à ras du sol, avant que la place ne soit réaménagée et que l'essentiel des marches ne réapparaisse. Les parties hautes, c'est‑à‑dire la croix proprement dite, datent du Premier Empire et ont remplacé une partie abattue pendant la Révolution française, tandis que les étages inférieurs remontent aux XVe ou XVIe siècles. Une date, 1588, est mentionnée dans les sources sans précision quant à savoir s'il s'agit de la fondation ou d'une restauration. La croix a été ébréchée pendant la Première Guerre mondiale et sa partie supérieure a été refaite. Lors du bombardement de 1940 qui dévasta Le Chesne pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune fut en grande partie détruite, mais la croix demeura debout au milieu des décombres. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1922.