Origine et histoire de la croix de chemin
La Croix de chemin de Gendreville est une haute croix datée de 1534, située sur la commune de Gendreville dans le département des Vosges. Elle est classée au titre des monuments historiques depuis le 13 août 1906. La haute croix se dresse sur le terre-plein, en avant de l'église. À l'origine, il s'agissait d'une croix de cimetière ; elle fut démontée le 17 Brumaire an II et remontée sur la place du village après la tourmente. Les armoiries et la tradition locale relient la croix aux familles de Beaufremont, d'Arberg-Valangin et de Challant. La filiation exposée associe ces maisons à des événements et alliances qui touchent la seigneurie de Beaufremont, évoquant notamment la mort de Jean de Beaufremont à Azincourt en 1415 et le mariage de Jeanne de Beaufremont avec Guillaume d'Arberg-Valangin en 1407. Ce récit évoque également les conflits pour la seigneurie, le siège et l'incendie de Châtillon-sur-Saône en 1485 par Claude d'Arberg-Valangin, puis la convention signée à Soleure le 23 avril 1486 qui rendit la seigneurie aux comtes d'Arberg. Claude d'Arberg, dit M. de Valangin, est présenté comme un personnage notable de l'époque, allié aux Vergy et enterré dans l'église de Valangin ; sa fille Louise épousa Philibert de Challant en 1482. L'union des familles Challant, Valangin et Beaufremont est considérée comme susceptible d'expliquer les armes présentes sur la croix, lesquelles sont interprétées comme signes de possession plutôt que comme armes matrimoniales. Le décor sculpté comporte un angelot tenant une couronne qui entoure un seul bonnet, et les blasons ne présentent pas la forme cintrée habituellement réservée aux armes féminines. La datation 1534, inscrite en caractères gothiques sur deux oreillettes bordant les blasons, est rapprochée de la figure de René de Challant, maréchal de Savoie, victorieux à Veray en 1534. Sur le plan matériel, la croix mesure environ 5 mètres, auxquels s'ajoute un socle inférieur portant la hauteur totale à 6,8 mètres. Elle repose sur deux socles unis par une doucine formant une plate-forme ornée de quatre crânes sculptés ; le fût octogonal porte, dans sa partie supérieure, deux manchons de 82 cm chacun décorés de seize statuettes en haut-relief d'environ 25 cm sous des dais flamboyants. Le croisillon primitif a disparu ; il fut remplacé vers 1820-1830 par le croisillon actuel, réalisé par le sculpteur local F. Philibert, dont le nom figure sous des feuilles d'acanthe à la base du crucifix. Sous les manchons sont sculptées des armoiries : à dextre, les armes de la famille de Challant ; à sénestre, un écartelé aux 1 et 4 attribué aux comtes d'Arberg-Valangin et aux 2 et 3 aux Beaufremont.