Origine et histoire du Cromlech de Crucuno
Le cromlech de Crucuno, situé dans le village de Crucuno à Plouharnel (Morbihan), est une construction mégalithique souvent présentée comme un observatoire astronomique daté du Néolithique, mais le monument visible aujourd’hui correspond en réalité à une restauration archéologique réalisée en 1883. Le premier relevé connu, établi par M. Vicars en 1832, montre 36 monolithes disposés en sept files. En 1847, Cayot-Delandre décrit plutôt « un groupe de menhirs confusément disposés » à l’est de Corconno. Un plan dressé par H. Dryden et W. C. Lukis représente le site sous une forme trapézoïdale comportant 20 monolithes sans pierre centrale. La restauration opérée par Félix Gaillard en 1883 a donné au monument une forme parfaitement rectangulaire composée de 22 pierres, toujours sans élément central. En 1973, A. Thom signale l’existence de deux dalles supplémentaires au centre du quadrilatère, dégagées par l’érosion. Les documents antérieurs à la restauration, notamment des relevés cadastraux, montrent que le site s’étendait sur une superficie beaucoup plus grande — au moins quatre fois celle de l’actuel quadrilatère — et comportait environ une cinquantaine de monolithes. Compte tenu des relevés antérieurs, il apparaît que Gaillard a probablement modifié la forme du monument pour la faire correspondre à ses théories sur l’astronomie préhistorique, et nombre d’études ultérieures s’appuient sur ce plan restauré pour avancer l’hypothèse d’un observatoire. Classé au titre des monuments historiques depuis 1889, le cromlech visible aujourd’hui forme un rectangle d’environ 35 m de long sur 26 m de large dont les côtés sont orientés selon les points cardinaux; ses diagonales sont alignées sur les levers et couchers solsticiaux. La configuration géométrique actuelle résulte donc de la restauration de Gaillard plutôt que d’une disposition incontestablement ancienne. Des publications et des ressources en ligne traitent du site, notamment des références bibliographiques récentes et un modèle construit par photogrammétrie, ainsi que des portails consacrés au mégalithisme et aux monuments historiques.