Origine et histoire de la Crypte
L'église Saint-Girons d'Hagetmau, dont la crypte est le dernier vestige, remonte pour son implantation religieuse aux traditions attribuant une fondation à Charlemagne, tandis que les premières mentions d'une abbaye bénédictine dedicated à saint Girons apparaissent à la fin du XIe siècle. L'église conventuelle, alors sans doute édifiée au tout début du XIIe siècle selon J. Cabanot, comprenait à l'origine une nef unique prolongée par un transept saillant et, à l'est, deux absidioles séparées de l'abside centrale précédée d'une travée droite de chœur élevée au‑dessus d'une crypte semi‑souterraine. Au cours de la période gothique, probablement au XIVe siècle, un collatéral fut ajouté au nord, le portail occidental et le clocher refaits, et l'abside romane remplacée par un chevet à cinq pans renforcé par de puissants contreforts; la crypte reçut alors des croisées d'ogives. Sécularisée en 1330 par l'abbé Guillaume Loup, l'abbaye connut de graves destructions lors des guerres, notamment le pillage et l'incendie de 1569 par les capitaines huguenots Sénégas et de Salles; les reliques furent profanées et dispersées et l'établissement périclita jusqu'à sa suppression à la Révolution. Après des réparations partielles et la construction, au XVIIe siècle, d'un escalier monumental desservant le sanctuaire surélevé, l'édifice déclina encore et fut progressivement abandonné; la crypte fut inscrite dès 1840 puis classée en 1862, tandis que le reste de l'église fut démoli entre la fin du XIXe siècle et août 1904. Entre 1905 et 1908, l'architecte Henri Léon Rapine restaura les parties subsistantes : un mur occidental ferma l'ancienne travée droite du chœur transformée en vestibule, les voûtes de la crypte furent restituées et une salle aménagée au‑dessus d'elle à l'emplacement du chœur. La crypte, joyau de l'art roman daté du début du XIIe siècle et mesurant environ 12 mètres sur 7,6 mètres, abritait le sarcophage renfermant les reliques de saint Girons et constitue aujourd'hui le seul élément conservé de l'abbaye. Sa voûte est portée par quatre colonnes centrales en marbre rouge et noir réemployées d'un édifice gallo‑romain; ces supports portent quatorze chapiteaux historiés sculptés, dont l'un illustre la parabole de Lazare et du mauvais riche. Les sculptures, mêlant scènes bibliques, végétaux stylisés et animaux fantastiques — lions, oiseaux affrontés et dragons — s'adressaient aux fidèles et aux pèlerins de Saint‑Jacques, la paroisse servant d'étape sur la voie limousine. L'ensemble préservé témoigne de l'importance religieuse et artistique de Saint‑Girons au Moyen Âge et de l'histoire tourmentée de son abbaye, marquée par les destructions, les pillages et les tentatives de restauration successives.