Demeure de maître de forges à Dampierre-sur-Salon en Haute-Saône

Patrimoine classé Patrimoine industriel Demeure de maître de forges

Demeure de maître de forges à Dampierre-sur-Salon

  • 31 Rue Carnot
  • 70180 Dampierre-sur-Salon
Propriété de la commune

Période

4e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Demeure, y compris le puits avec son auge, la clôture de la cour sur rue avec le portail y compris les grilles, le mur de soutènement du jardin ainsi que l'accès souterrain à la cave, et les parcelles 84 et 88 (cad. AC 84, 88) : classement par arrêté du 17 décembre 1993

Origine et histoire de la Demeure de maître de forges

La demeure de maître de forges, située à Dampierre-sur-Salon (Haute-Saône), a été édifiée vers 1785 pour le maître de forges Claude-François Rochet. Ce dernier exploita le haut fourneau du site et fit construire la maison patronale au centre du village. Un moulin et un haut fourneau sont mentionnés dès 1661, et le site paraît antérieur à cette date; une enquête de 1788 évoque une fondation en 1420, tandis qu'un dénombrement de 1556 ne signale que « le moulin de la forge ». Au milieu du XVIIIe siècle, le haut fourneau produisait 500 à 600 milliers de fonte par an, chiffre porté à 900 milliers en 1788. L'installation fut exploitée par Claude‑François Rochet de 1770 à 1789, puis acquise en 1804 par Claude‑Pierre Dornier. L'ordonnance royale du 11 septembre 1842 autorisa M. Dornier à maintenir en activité une usine composée d'un haut fourneau et de deux patouillets. En 1838, le haut fourneau produisait 700 tonnes de fonte en gueuses et consommait 2 000 stères de bois convertis en charbon ainsi que 2 000 m3 de minerai de fer. Acquise au milieu du XIXe siècle par la société Dufournel et Cie, l'installation fut éteinte en 1862 et détruite avant 1889. Antoine Waltefaugle racheta le site en 1881 et y implanta une fabrique de quincaillerie produisant équerres, rondelles et plaques de sûreté. L'arrêté préfectoral de réglementation hydraulique du 29 novembre 1867 fut modifié le 25 juin 1889. Vers 1885, Joseph Waltefaugle prit la direction de l'usine et diversifia la production vers des étiquettes métalliques en cuivre et en zinc nickelé, des plaques pour fûts, « alphabets et vignettes » ; Georges lui succéda en 1909. La maison appartenait vers 1909 à Charles Couyba (1866-1931), homme politique, poète et chansonnier connu sous le pseudonyme Maurice Boukay ; la demeure avait été appelée Château Beauvalet pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Au début des années 1920, l'entreprise se réorienta vers la construction métallique, notamment de hangars pour l'agriculture et l'industrie, et de nouveaux ateliers à charpente métallique furent édifiés dans les années 1930. En 1946, la direction passa à Jean Waltefaugle et à son beau‑frère Jean‑Marie Saugier ; l'usine fonctionnait alors à l'énergie électrique. L'atelier de charpentes fut agrandi en 1948 et équipé d'une riveteuse hydroélectrique ; par la suite furent construits un atelier des rondelles en 1958, des bureaux en 1962, puis une passerelle et trois halles de fabrication totalisant 11 000 m² en 1969. La rivière du Salon fut dérivée en 1965 pour permettre un développement vers le sud, et deux nouvelles halles furent édifiées en 1973. Outre la production de rondelles, l'entreprise réalisa principalement des charpentes pour bâtiments agricoles et industriels, salles de sport et halles de stockage ; autour de 1985, 3 000 tonnes de matériaux sortaient annuellement des ateliers pour l'exportation. Un magasin industriel fut ouvert en 1991 ; vers 2000 l'usine livrait annuellement 700 à 800 bâtiments agricoles et industriels. Le site se développe aujourd'hui sur 450 000 m², dont 40 000 m² couverts, et en 2007 13 800 tonnes d'acier sont sorties des ateliers. En 1889, la chute d'un patouillet actionnait une roue à palettes d'environ 8 m de diamètre qui mettait en jeu trois tours, deux machines à percer, quatre poinçonneuses, un balancier et un mouton à estamper, ainsi qu'un cylindre ébarbeur et une meule ; en 1910 Georges Waltefaugle demanda l'autorisation de substituer une turbine à cette roue hydraulique. L'emploi a varié au fil du temps : l'usine de quincaillerie comptait 10 hommes et 3 enfants en 1893, puis 18 ouvriers en 1910 ; la construction métallique employait 30 personnes en 1930, 272 en 1990 et 200 en 2008. Un logement directorial du début du XXe siècle et un logement ouvrier ont été détruits dans les années 1990. La demeure patronale est classée au titre des monuments historiques depuis 1993 ; propriété communale appelée Espace Couyba, elle accueille aujourd'hui une école de musique. Aucun document ne permet de préciser l'architecte de la maison.

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