Origine et histoire
La demeure dite abbaye de Roseland est un édifice entouré d'un parc botanique, situé à Nice (Alpes-Maritimes), au 44 boulevard Napoléon III. À l'origine, elle était une résidence de campagne d'une grande famille niçoise au XVIIIe siècle. Saisie puis vendue comme bien national pendant la Révolution, la propriété a connu au XIXe siècle des travaux touchant principalement les dépendances et les jardins. La possession par les Dalmassi est attestée par le testament de Jean‑Ange Dalmassi de Farone, qui lègue la propriété à son cousin Alexandre Auguste de Lascaris de Vintimille en 1763. En 1815 la famille Jaume acquiert le domaine et l'exploite pour la production d'huile et de vin; il est revendu en 1878 au comte russe Apraxine. La transformation principale intervient vers 1925 lorsque le collectionneur d'antiquités Édouard Larcade (orthographié parfois Lacarde) remanie la demeure et ses dépendances pour leur conférer un caractère gothique, en construisant notamment un cloître et une chapelle sur la terrasse supérieure et en réemployant des éléments lapidaires. Il y remonte des éléments médiévaux, essentiellement du XVe siècle; le cloître comprend 26 colonnes provenant notamment du monastère de la Daurade de Toulouse et d'autres éléments proviennent de l'abbaye de Bonnefont. Entre 1923 et 1927, le paysagiste Octave Godard restaure et complète les jardins à l'italienne, créant une grande roseraie qui aurait inspiré le nom "abbaye de Roseland". Du 13 juillet au 13 septembre 1961, Jean Larcade, fils d'Édouard et galeriste, organise dans la demeure un Festival des Nouveaux Réalistes réunissant, entre autres, Arman et Yves Klein. En 1968 un ensemble résidentiel d'environ 600 appartements répartis dans sept bâtiments est construit sur le domaine, et en 1970 la veuve d'Édouard Larcade donne la demeure et une partie des jardins à la ville de Nice. Des projets récents évoquent l'installation d'une fondation, mais en 2018 l'initiative n'aboutit pas faute de financement, et en 2023 la ville, confrontée à l'ampleur des travaux et à l'impossibilité d'utiliser la demeure, envisage de s'en séparer. L'annonce d'une mise en vente à un promoteur privé qui projetait des logements de luxe suscite une vive réaction des résidents et l'intervention du Conseil départemental; après de longues tractations, le Conseil départemental semble avoir acquis le site dans l'optique d'y créer un centre d'étude pour le climat, comportant une cellule d'études et des logements pour chercheurs invités. L'édifice est classé au titre des monuments historiques le 3 septembre 1996.