Origine et histoire des dolmens de Kervadol
Les dolmens de Kervignon, situés sur la commune de Plobannalec-Lesconil (Finistère), formaient autrefois un ensemble mégalithique dont il ne subsiste aujourd’hui qu’un dolmen visible. Paul du Châtellier, qui visita le site en 1880, y distingua quatre groupes de monuments plus ou moins ruinés et ne fouilla que le dolmen encore apparent et ses abords immédiats. Par arrêté du 8 avril 1922, un dolmen du site a été classé au titre des monuments historiques.
Le premier groupe, à 300 m à l'est du village de Kervignon, aurait compris un dolmen central avec plusieurs chambres latérales mais était déjà à peu près détruit au moment de l’observation. Le second groupe, situé à 150 m au nord, était complètement ruiné, vraisemblablement par l’extraction des pierres pour la construction des maisons voisines. Le troisième groupe, à 400 m au nord-est, présentait un état comparable mais conservait encore un tertre. Le quatrième groupe, à 200 m du précédent, était le moins endommagé et fit l’objet d’une fouille sommaire par du Châtellier.
Ce dernier groupe comprenait un dolmen dont la table de couverture en granite mesurait 2,40 m de longueur sur 2 m de largeur pour une épaisseur moyenne de 0,45 m. Selon du Châtellier, le dolmen, orienté nord-sud, comportait à l'est une grande chambre à ciel ouvert de 2,50 m sur 2 m; des chambres analogues existaient probablement à l'ouest et au nord. Sous la table, le sol de la chambre était dallé de pierres brutes reposant sur un lit de terre jaune, lui-même recouvert d'une couche de sable de grève d'environ 0,20 m d'épaisseur. La grande chambre orientale, de forme rectangulaire, était délimitée par de grands orthostates de 2,50 m de hauteur enfoncés sur 0,80 m; son sol comportait également un dallage sur lit de terre jaune d'une épaisseur de 0,50 m, incluant une pierre remarquablement grande de 1 m sur 1,20 m. Sur le plan établi par du Châtellier, la table reposait sur quatre orthostates, deux de chaque côté, disposition qui correspond au seul dolmen encore visible mais la grande chambre orientale n'est aujourd'hui plus identifiable.
Lors de sa fouille, du Châtellier recueillit autour et dans la chambre du dolmen plusieurs percuteurs, de nombreux éclats de silex, des charbons de bois et des tessons de poterie correspondant à des vases à fond rond. Dans le coin nord-est de la chambre, les tessons d'une poterie grossière permirent de reconstituer un grand vase de 24 cm de diamètre à l'orifice, décoré de petits mamelons disposés par paires. Sous le pavage interne, dans une couche de cendre mêlée de charbons, il trouva deux outils en silex noir finement retouchés ; vers le fond de la chambre il recueillit encore plusieurs percuteurs, éclats de silex et tessons de poterie grossière. Sur le sol de la grande chambre orientale, il mit au jour la moitié d'un « marteau en pierre polie » percé d'un trou circulaire inachevé destiné à recevoir un manche, et dans la couche de cendre qui recouvrait le dallage sur 4 à 5 cm il releva quelques percuteurs, des éclats de silex — dont un grattoir — et des tessons de poterie grossière.