Origine et histoire des dolmens des Pérottes
Les dolmens de la Grosse Pérotte et de la Petite Pérotte sont des mégalithes de type angoumoisin situés sur la commune de Fontenille, en limite de Luxé, dans le département de la Charente. Dès le XVe siècle ils bornaient la seigneurie de Château-Renaud et portaient déjà le nom de Pérottes ; au XIXe siècle ils furent décrits par Chaudruc de Crazannes puis par l'abbé Michon, et les habitants les appelaient alors Pierres de la Pérotte. La première fouille officielle fut menée par Auguste-François Lièvre en 1873 et les dolmens sont classés monuments historiques depuis 1900. La Petite Pérotte a fait l'objet de fouilles récentes dirigées par Vincent Ard en 2012-2013 ; à l'issue de ces travaux la chambre a été consolidée par l'installation d'un pilier central et le comblement total de son intérieur.
Les deux monuments, parfois orthographiés Perrottes, sont distants d'environ cinquante mètres. Édifiée sur une petite hauteur à 31 m d'altitude, la Petite Pérotte était couverte d'un tumulus circulaire d'environ 15 m de diamètre avec deux murs de parement concentriques distants d'environ 2 m ; le parement interne est chaîné aux parements du couloir, ce qui suggère une construction en deux phases. La chambre polygonale au sol dallé était surmontée d'une table de couverture calcaire de 4,75 m de long sur 2,60 m de large et 1,40 m d'épaisseur, estimée à 39 tonnes, reposant à l'origine sur neuf orthostates dont quatre sont encore visibles ; certaines dalles comportent des rainures d'emboîtement entre piliers et les plus grands orthostates mesurent 2,30 m de hauteur pour un poids d'environ 2 tonnes. La chambre s'ouvre à l'est sur un couloir long de 7,60 m, orienté sud-est, et pouvait être isolée par une grande dalle servant de porte ; elle est complétée par une cellule latérale d'environ 2 m², de diamètre 1,50 m, couverte d'une unique table et dallée, ouvrant sur le côté sud du couloir. Ce type de dolmen angoumoisin avec chambre annexe est également attesté dans le tumulus B de la Boixe. La chambre contenait les ossements de six individus et des tessons d'un gobelet décoré d'impressions de cordelette ; la cellule latérale a livré les restes de deux petits vases et deux armatures de flèche à tranchant transversal, attribués au Néolithique moyen, tandis que l'ensemble du mobilier a été rapporté à diverses phases du Néolithique et au Campaniforme.
Faute de fouille, la forme du tumulus de la Grosse Pérotte est inconnue mais devait être semblable à celle de la Petite Pérotte. Sa table de couverture, brisée en trois morceaux, mesure plus de 5 m de long, presque autant de large et 1,75 m d'épaisseur ; elle repose sur dix orthostates équarris, une onzième dalle faisant office de porte. La chambre, initialement rectangulaire, mesure 3,40 m de long sur 2,30 m de large et 2 m de hauteur, avec un couloir d'accès orienté au sud-est. Deux orthostates portent un décor : une dalle de fond est gravée d'un dessin de hache de 40 cm sur 14 cm, le tranchant dirigé vers le haut, et la première dalle à droite en entrant est sculptée en bas-relief de deux crochets parallèles dont la partie supérieure a été récemment rompue ; un pilier ouest présente une échancrure ouvrant vers la masse tumulaire. La chambre de la Grosse Pérotte a été vidée en 1873 par le propriétaire du champ, qui y récolta des humérus calcinés appartenant à au moins neuf individus, dont six présentaient la cavité olécranienne perforée. Le mobilier découvert comprenait des tessons de poterie ornés de chevrons, un grattoir, des armatures de flèches, une hachette en pierre noire, un objet en os ou en bois de cerf et des rondelles en os provenant d'un collier.