Origine et histoire
La « Grotte des Fées » désigne un ensemble de deux cavités situé à Châtelperron, dans l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce site archéologique est l'élément éponyme du Châtelperronien (environ -38 000 à -32 000 ans). Il se trouve à environ 1,1 km au nord du musée du bourg, sur la rive gauche (ouest) du Graveron, à cinq ou six mètres au-dessus du ruisseau. La toponymie locale rapporte aussi les noms « Boîte aux Fées » ou « Caves aux fées ». L'ensemble comprend la grotte Bailleau, développée sur 26 mètres, la grotte Poirier, située dix mètres au nord et longue de 20 mètres, ainsi que les vestiges d'une grotte dite Effondrée dont la superstructure a disparu. Les cavités s'ouvrent dans des calcaires lacustres de l'Aquitanien. Vers 1840, peut-être en 1848, les travaux liés à un projet de voie ferrée dans la vallée du Graveron mirent au jour des objets préhistoriques devant l'entrée des grottes. Albert Poirier, ingénieur de la Compagnie des Mines de Bert chargé de la construction de la voie, fouilla la cavité qui porte aujourd'hui son nom. De 1867 à 1872, le docteur Guillaume Bailleau fouilla la grotte éponyme et y découvrit plusieurs milliers de silex taillés ainsi que des défenses de mammouth de plus de deux mètres. La grotte Effondrée fut repérée en 1867 par Bailleau; fouillée dans les années 1950 par Henri Delporte (1951-1954 et 1962), elle a livré deux niveaux d'occupation, moustérien et châtelperronien, avec des lames à dos dites « couteaux de Châtelperron », des burins, des grattoirs et des perçoirs. Les cavités ont été topographiées le 19 janvier 1991 par Nicole Boullier, Claude Chabert et Jean-Yves Bigot. Les grottes furent fréquentées au Moustérien, puis au Châtelperronien et à l'Aurignacien; la stratigraphie châtelperronienne associe formes moustériennes, pointes de type Châtelperron, « lames à gorges » et grattoirs du « type de Tarté ». Ces assemblages lithiques ont été rencontrés sur d'autres sites tels que Germolles, la Roche-au-Loup, la Ferrassie, Haurets (Ladaux) et Gargas. La découverte de quelques objets gallo-romains atteste également une occupation historique, et un cantonnier s'installa au XIXe siècle dans la cavité alors appelée « Boîte aux Fées ». La majeure partie de l'outillage est aujourd'hui conservée au British Museum de Londres et au musée de Philadelphie; quelques pièces se trouvent au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins et au musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, tandis que le Préhistorama de Châtelperron présente pour l'instant des reproductions. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1949. Les parois sont couvertes de spéléothèmes formés par des dépôts calcaires dont les formes ont inspiré des noms donnés par les visiteurs. Des coprolithes ont été retrouvés dans la grotte des Fées.