Origine et histoire du Dolmen
Les alignements de Carnac, répartis sur les communes de Carnac et de La Trinité-sur-Mer, forment un ensemble mégalithique composé notamment des sites de Kermario, du Ménec, de Kerlescan et du Petit Ménec. Ces ensembles de menhirs, d'enceintes mégalithiques, de tumulus et de dolmens s'étirent sur plusieurs kilomètres et comptent près de trois mille pierres levées. La plupart des datations s'échelonnent entre 4 800 et 3 500 avant J.-C., plaçant ces monuments au Néolithique. À l'origine, ces sites formaient une continuité visuelle alors que chacun paraît aujourd'hui isolé dans un paysage boisé transformé notamment par des plantations de pins au XXe siècle. Les alignements sont orientés globalement sud‑ouest/nord‑est (N 65°) et associent des files de menhirs convergentes à des enceintes, des tumulus d'inhumation individuelle et des tombes collectives. Les menhirs, implantés en tenant compte de la topographie, sont souvent plus hauts sur les points élevés et plus petits dans les zones basses, et ils sont tous taillés dans un granite local caractérisé comme un granite d'anatexie à deux micas. Kermario, l'alignement le plus connu et le plus fréquenté, s'étire sur environ 1 100 mètres et comporte 982 menhirs selon les inventaires modernes ; il rassemble les pierres les plus spectaculaires mais a aussi subi d'importants dommages et des restaurations discutées. Le site de Kerlescan, quant à lui, est parmi les mieux préservés, tandis que d'autres files, comme celles du Petit Ménec, restent partiellement masquées par le couvert forestier. Dès le XVIIe siècle et surtout au XIXe et au début du XXe siècle, de nombreuses pierres ont été prélevées pour la construction locale, ce qui a fortement dégradé les alignements. Les premières études et relevés topographiques datent du début du XIXe siècle, et l'approche archéologique s'est développée dans la seconde moitié du même siècle, avec des fouilles parfois décevantes, notamment celle conduite par J. Miln à Kermario en 1877-1878. Confrontés à des préjugés et à des interprétations variées aux XVIIIe et XIXe siècles — allant d'attributions au Déluge ou aux Romains à des hypothèses druidiques ou astronomiques — les chercheurs ont progressivement privilégié l'observation et l'archéologie. La protection des sites s'est instituée au XIXe siècle : la Commission des monuments mégalithiques créée en 1879 et des classements au titre des monuments historiques en 1889 ont permis des acquisitions et des expropriations pour préserver les alignements. Malgré ces mesures, l'exploitation agricole mécanisée et des projets d'aménagement routier ont encore endommagé des secteurs au XXe siècle, entraînant des débats publics sur la gestion et l'accès aux sites. Face à la pression touristique, des mesures de conservation et d'aménagement ont été prises au début des années 1990 par le Centre des monuments nationaux : clôtures, parcours piétonniers hors alignement, revégétalisation et limitation des visites guidées ont été mises en place, avec un système de rotation et une jauge quotidienne pour préserver le patrimoine et le sous‑sol archéologique. L'entretien a été complété par un pâturage de brebis de race locale pour maîtriser la végétation. Ces mesures ont suscité des oppositions locales, notamment en raison de craintes d'expropriations et de projets d'aménagement à visée touristique qui ont finalement été abandonnés. La Maison des mégalithes, créée au sud de l'alignement du Ménec et gérée par le Centre des monuments nationaux, sert de centre d'interprétation et d'accueil du public, complétée par des points d'information sur les sites. Enfin, les alignements de Carnac, dont Kermario, font l'objet d'une reconnaissance internationale récente : inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au sein du bien des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan en juillet 2025.