Origine et histoire du dolmen de l'Hôtel-Dieu
Le dolmen de l’Hôtel-Dieu, appelé aussi la « pierre de Druides », se situe sur la commune des Ventes, dans l’Eure. Il occupe le milieu d’un champ au nord‑ouest de la commune, à proximité de la ferme de l’Hôtel‑Dieu qui lui a donné son nom. La dalle de couverture, en poudingue, mesure 2,60 m sur 2,10 m et a une épaisseur de 0,80 m. Elle repose sur sept supports verticaux, dont un, long de 1,90 m, est couché ; la table est renversée car seuls trois supports la soutiennent, les autres s’étant écartés avec le temps. La hauteur du monument n’excède pas 1,20 m. Le fond de la sépulture est pavé de dalles taillées, certaines piquetées, d’autres marquées par l’usure ; ces dalles, généralement carrées, mesurent de 10 à 40 cm de côté pour une épaisseur d’environ 8 cm. Ce pavement est recouvert d’une couche archéologique d’environ 40 cm, surmontée d’un niveau de blocs espacés qui pourrait correspondre à une condamnation du monument. Léon Coutil a réalisé un dessin et une vue en plan du dolmen en 1898, publiés en 1909. Le monument remonte au Néolithique. La fouille menée par Jean‑Pierre Watté en 1967 a mis au jour de nombreux fragments d’ossements appartenant à deux individus, ainsi qu’un important mobilier lithique et céramique : armatures de flèches tranchantes trapézoïdales, un briquet, un grattoir, une hache, un ciseau poli et divers tessons de vase. Les tessons recueillis sont très petits (moins de 6 cm), présentent des fonds plats et des bords droits ou éversés, et montrent des traces de dégraissant siliceux. La parure retrouvée comprend un coquillage marin usé (Nucella lapillus), une perle à section quadrangulaire et une perle en forme de poire en quartz microcristallin. Le monument a été relativement bien préservé : certaines traces d’exhumation observées dans la couche historique ont été attribuées à des animaux fouisseurs. Il est mentionné pour la première fois en 1840 par Louis‑Léon Gadebled, qui signale deux dolmens aux Ventes. Le vicomte de Pulligny le décrit en 1879 comme « dolmen dont la table est inclinée par suite de la disparition de deux de ses supports ». Léon Coutil l’ayant présenté à tort comme détruit dans son Inventaire de 1896, une visite en 1898 lui permit de reconnaître son erreur, de faire dégager le monument et d’en dresser un plan et un croquis publiés en 1909. Alphonse‑Georges Poulain avait également signalé l’erreur à Coutil en 1907, accompagnant son article d’un croquis et indiquant qu’un tableau à l’huile de M. Papon représentant le dolmen avait été donné au musée d’Évreux, et recommandant son classement. Le dolmen a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 2 janvier 1910.