Origine et histoire du dolmen de la Bajoulière
La Pierre Couverte de la Bajoulière est un dolmen angevin situé à Saint-Rémy-la-Varenne, dans le Maine-et-Loire. Selon La Bessière, l'édifice est mentionné dans un cartulaire de l'abbaye Saint-Aubin d'Angers qui rapporte que les religieuses de l'abbaye de Nyoiseau auraient utilisé le dolmen comme chapelle en 1144. Il est représenté sur une lithographie de Godard fils publiée dans l'inventaire de Millet de la Turtaudière en 1865 et la plus ancienne photographie connue date de 1890. Le monument a été classé au titre des monuments historiques en 1936, fouillé de 1979 à 1983 puis totalement restauré. Le dolmen appartient à la commune de Saint-Rémy-la-Varenne.
Huit dolmens et quatorze menhirs se trouvent dans un rayon de sept kilomètres autour de la Bajoulière ; constatant que sept menhirs sont alignés entre le dolmen et le village néolithique du Thoureil, C. Fraysse a suggéré l'existence d'une voie des morts reliant les deux sites. L'édifice est le plus grand des dolmens angevins dits de « type A », de forme presque carrée. La chambre est délimitée par huit orthostates, deux sur chaque côté, dont l'un est renversé à l'intérieur, et sa forme est légèrement trapézoïdale en raison d'une convergence des parois latérales. Elle est recouverte d'une table de couverture en grès sénonnien approximativement carrée de 7,50 m de côté et d'une épaisseur comprise entre 0,70 et 0,90 m, ajustée au rebord supérieur des piliers. La table s'est fragmentée en quatre morceaux lors de l'effondrement des piliers ; la tradition locale attribue cette fracture à la foudre, bien que la lithographie de 1865 la représente déjà brisée. La hauteur sous dalle est d'environ 1,80 m.
L'intérieur de la chambre était compartimenté par une cloison transversale constituée de quatre dalles ménageant un passage central ; ces dalles étaient installées dans des fosses d'implantation et calées, l'une des cales portant des traces de martelage pour un meilleur ajustement. La chambre s'ouvre au sud-est selon un azimut de 145° mesuré en 1959 et son entrée est précédée d'un double trilithe comparable à celui du dolmen de La Roche-aux-Fées. Les piliers du premier portique sont de section carrée et leurs faces ont été aplanies par bouchardage ; les blocs utilisés pour ce travail ont été retrouvés sur place. La plus grande des tables couvrant le portique pèse encore environ six tonnes, malgré la perte d'un angle tombé au sol.
Le décapage périphérique a révélé l'architecture d'un cairn dolménique aujourd'hui disparu, utilisé comme carrière à l'époque gallo-romaine. Des murs parallèles, dressés à deux et 2,50 mètres des parois de la chambre sur une hauteur d'au moins 0,60 m, semblent avoir délimité un ensemble qui, à l'arrière, se rejoignait par une légère courbe à une dizaine de mètres de la dalle de chevet et qui, vers l'avant, s'appuyait sur les premiers orthostates par un angle arrondi. Cet agencement dessinait une ovale à base aplatie ou un trapèze très allongé aux angles adoucis ; il était vraisemblablement épaulé par un mur extérieur de moindre ampleur, comme l'attestent des matériaux épars retrouvés sur place. Des traces d'« écrasement sur place » des dallettes, sans dispersion, indiquent que le cairn a pu servir à la mise en place de la table de couverture. À environ 2,50 m en avant du dolmen, une structure en demi-cercle de blocs de pierre longue d'environ 9 m a été reconnue ; elle peut être antérieure ou postérieure à l'édification du monument.
L'intérieur de la chambre a été fortement remanié à l'époque gallo-romaine, période pendant laquelle le dolmen a probablement été réoccupé. Malgré ces transformations, quelques restes humains, notamment un fragment de maxillaire, et du mobilier néolithique ont été découverts. Le mobilier lithique comprend des éclats de silex peu façonnés, de nombreux grattoirs, deux fragments de hache polie en dolérite et en meulière, une grosse armature de flèche à ailerons attribuée au Campaniforme et un fragment de poignard du Chalcolithique. La céramique préhistorique retrouvée est bien cuite, de qualité soignée et sans fond plat ; elle correspond à de grands vases décorés de cordons curvilignes attribués à la Culture rubanée, dont la présence sur le site serait antérieure à l'édification du dolmen.