Origine et histoire du dolmen de la Grotte aux Fées
Le dolmen de la Grotte aux Fées, dit aussi dolmen de Saint‑Antoine‑du‑Rocher ou de Mettray, est un monument mégalithique implanté à Saint‑Antoine‑du‑Rocher, en Indre‑et‑Loire, et, par ses proportions, le plus spectaculaire du département. Il est mentionné dès 1805 dans l'ouvrage Monuments celtiques de Cambry. En 1865, la Société archéologique de Touraine proposa de le fouiller, projet qui ne fut pas réalisé. Joseph Gaurichon publia la première description complète après des sondages effectués en 1910 ; il y signala la découverte d'ossements, de silex polis dont une hache « d'importation » et de fragments de poterie ornés, objets aujourd'hui apparemment perdus. L'ensemble mégalithique fut classé au titre des monuments historiques par arrêté du 18 avril 1914 et le site de la Grotte aux Fées inscrit par arrêté en 1943 ; la commune de Saint‑Antoine‑du‑Rocher en est propriétaire. Au milieu des années 1980, des travaux de consolidation furent entrepris en raison d'une inclinaison des supports et de dégradations causées par des feux régulièrement allumés à l'intérieur de l'édifice.
Le dolmen se situe au lieu‑dit le Moulin de Réchaussé, au sud de la commune et en limite de Mettray, sur le replat d'une pente descendant vers la vallée de la Choisille à l'est. Il s'agit d'un grand dolmen rectangulaire de type angevin, mesurant 11 m de long, 4,50 m de large et 3 m de haut ; la chambre, longue de 10 m et large de 3 m, est délimitée par une dalle de chevet et trois orthostates de chaque côté. Une dalle transversale de 1,70 m de large segmente intérieurement la chambre en séparant l'espace funéraire du vestibule ; cette dalle servit de polissoir, mais les traces de polissage furent détruites par un acte de vandalisme au milieu des années 1960. Le vestibule présente, à l'entrée côté gauche et légèrement décalé vers l'intérieur, un bloc dressé d'environ 1,20 m de haut sur 1 m de large dont l'usage demeure indéterminé, puisqu'il ne soutient pas d'autre élément.
L'édifice est recouvert de trois tables de couverture massives, la plus grande mesurant 4,80 m de large pour 1 m d'épaisseur, une autre 3,20 m de large pour 1,80 m d'épaisseur et la troisième 3,20 m sur 0,90 m ; leur masse est estimée jusqu'à 65 tonnes. Toutes les dalles sont en grès blanc éocène, à l'exception de la table de couverture centrale et de trois orthostates qui sont en poudingue. Le dolmen était sans doute, à l'origine, recouvert d'un tumulus dont il ne reste qu'un léger relief formant une plate‑forme d'environ 22 m sur 16 m. Comme la plupart des mégalithes d'Indre‑et‑Loire, il semble dater d'une période comprise entre 2500 et 2000 av. J.‑C. Il est possible qu'il ait été lié à trois autres mégalithes aujourd'hui disparus — un dolmen et deux menhirs proches — constituant un système dont la Grotte aux Fées serait l'élément principal.
La tradition locale raconte que trois fées, autant que de tables de couverture, auraient bâti le dolmen en une nuit ; selon la légende, si quelqu'un déplace les pierres, elles retrouvent leur place pendant la nuit et le coupable risque de mourir dans l'année. Une autre tradition rapporte que les fées auraient élu domicile à l'intérieur du dolmen.