Origine et histoire du dolmen de la Pierre Couvretière
Le dolmen de la Pierre Couvretière est situé à Ancenis-Saint-Géréon, en Loire-Atlantique, et a été classé au titre des monuments historiques en 1926. C'est le seul dolmen encore visible dans le Pays d'Ancenis. Il a fait l'objet de deux campagnes de fouilles successives, sous la direction de Jean L'Helgouach en octobre 1972 et de Daniel Prigent en novembre 1973. Implanté en bord de Loire dans l'ancienne prairie Saint-Pierre, il est accessible depuis l'avenue des Alliés (D 923) ou l'avenue de la Bataille-de-la-Marne et se trouve aujourd'hui enclavé dans la zone industrielle de la Noëlle. Initialement posé sur la roche de la berge à 1,34 mètre de l'étiage, il est désormais dans un creux de remblai apporté pour niveler la zone industrielle. La première description connue, celle de Girault Saint Fargeau en 1829, évoque "une grande pierre plate et brute" dite Couveclair, de forme parallélogrammique, longue d'environ 4,13 m, large de 2,64 m, épaisse de 0,64 m et enfoncée d'environ 1,62 m, soutenue par deux autres pierres. L'ensemble est classé parmi les dolmens à couloir et se compose de deux orthostates en grès siliceux, d'une table de couverture en conglomérat et d'un petit pilier en gneiss, ce dernier matériau n'étant pas local et ayant donc été transporté. La table, de forme presque carrée, mesure environ 4,20 m sur 4 m pour une épaisseur de 0,70 à 0,80 m ; elle a basculé lors de la destruction du tumulus, est inclinée d'environ 45° et à moitié immergée dans les eaux de ruissellement ; c'est la seule partie désormais visible. L'orthostate oriental est enfoncé de 0,60 m dans une diaclase du schiste et s'élève à 2,50 m pour une largeur de 2 m, son épaisseur variant de 0,20 à 0,50 m ; l'orthostate occidental, plus bas, atteint 1,50 m de hauteur pour une largeur maximale de 2 m et une épaisseur de 0,50 m et comporte une cupule d'origine anthropique. La première campagne de fouilles a mis au jour, renversé à l'ouest, un autre pilier en grès, ce qui suggère que le dolmen était plus long à l'origine et que ce pilier supportait une dalle de couverture. La moitié sud a disparu lorsque le monument a servi de carrière, comme l'attestent des traces de débitage relevées sur un pilier, et les seuls vestiges du tumulus sont quelques pierrailles calcaires au pied de l'orthostate droit, peut‑être issues de la butte du Fourneau. Sur le plan funéraire, Emilien Maillard signale en 1863 la découverte de "deux petits couteaux druidiques", et les fouilles contemporaines ont livré, dans la chambre ou parmi la pierraille calcaire, un important ensemble mobilier. Celles-ci ont mis au jour soixante-seize pièces d'outillage en silex comprenant grattoirs, burin, lames et lamelles ainsi que trois pointes de flèches, dont une triangulaire, des ébauches et une à pédoncule et ailerons. Elles ont également révélé soixante-dix tessons de poterie décorés de coups de poinçon, attribués au campaniforme, ainsi que des objets métalliques : une plaquette d'or de 1,1 gramme décorée et perforée aux extrémités et un petit ciseau en cuivre de section quadrangulaire dont le métal semblerait provenir du Sud de la France. Des ossements humains et animaux, protégés par les pierres calcaires, ont été retrouvés et datés au radiocarbone à 2 880 et 2 990 BP ; les fouilles de Daniel Prigent ont permis d'identifier quatre crânes (trois hommes et un enfant), un à deux de type brachycéphale. L'analyse des os des pieds (astragales et calcanéums) et des dents indique l'inhumation d'au moins dix individus distincts, confirmation apportée par l'usure importante des dents humaines retrouvées. Les restes animaux correspondent à de gros mammifères — bœufs, porcs, moutons, chèvres, cheval — ainsi qu'à un chat sauvage et à des oiseaux, dont un étourneau et une bécasse. Le dolmen a vraisemblablement fait l'objet de réutilisations successives par les populations riveraines et peut être rapproché d'habitats contemporains fouillés dans le lit de la Loire entre les lieux-dits Le Bernardeau et La Grillette, près du pont d'Ancenis. Une légende locale raconte que le diable, chargé de trois pierres pour ravir les habitants d'Ancenis, abandonna son fardeau dans la prairie de Saint-Pierre lorsque le coq chanta, d'où le nom populaire de Pierre du Diable. Face à la dégradation du site liée à l'extension de la coopérative agricole de la Noëlle à la fin des années 1960, trois options furent envisagées : déplacer le dolmen, le remblayer et signaler sa position, ou le laisser en place en aménageant ses abords ; la troisième option fut retenue. En 1971-1972 une action de sauvegarde a été menée avec un nettoyage bénévole et les campagnes de fouilles qui ont suivi, mais le site est ensuite retombé dans l'oubli ; à la fin des années 1980, une nouvelle opération du Centre d'aide par le travail a permis de nettoyer le lieu et d'installer une signalisation et des panneaux didactiques.