Origine et histoire du dolmen de La Pierre Folle
Le dolmen dit de La Pierre Folle est situé à Thiré, en Vendée ; il a été classé au titre des monuments historiques en 1968 et fouillé de 1968 à 1971 par Pierre Chaigneau et Roger Joussaume. Édifié à 45 m d'altitude sur le flanc d'une colline proche de la Smagne, il constitue un grand monument dont la chambre rectangulaire mesure 7 m sur 5 m et est délimitée par sept orthostates. Trois piliers bordent le côté sud‑ouest, la dalle de chevet occupe l'opposé, deux piliers se trouvent au nord‑est et deux autres au niveau de l'entrée. Le pilier II mesure 3,60 m de longueur pour 2,50 m de hauteur, et la dalle de chevet atteint 5,60 m ; leurs poids sont estimés respectivement à 10 et 12 tonnes. Les orthostates IV et V, l'un long de 4,40 m, l'autre d'environ 2 m de longueur pour 1 m d'épaisseur en certains points, dépassent maintenant à peine du sol et ont probablement été débités par des carriers. Des vestiges de dallage ont été mis au jour dans l'angle nord‑ouest et près de l'entrée, ce qui laisse supposer que la chambre était à l'origine entièrement dallée. Le dolmen s'ouvre au sud‑est ; sa forme quadrangulaire et sa grande taille suggèrent un type angevin. La mise au jour de deux fossés parallèles creusés devant les piliers de l'entrée, sur près de 4 m de longueur et 1 m de profondeur, laisse envisager l'existence d'une antichambre entre la chambre et un porche trilithe, ce qui rapproche l'aménagement de celui de La Roche‑aux‑Fées. Une partition interne a été réalisée dans l'angle est, près de l'entrée, avec des petites dalles de schiste disposées sur chant, et un trou de poteau dans l'axe de l'entrée (diamètre maximal 0,30 m, profondeur 0,33 m) indique un aménagement en bois ; aucune trace de tumulus n'a été retrouvée. Tous les orthostates et les dalles de dallage sont constitués de deux gneiss différents ; comme le substrat local est calcaire, ces blocs ont dû être déplacés sur une distance minimale d'environ 6,5 km depuis le site d'extraction le plus proche, aux Humeaux. Les fouilles ont livré les restes d'une quarantaine d'individus, principalement regroupés dans la partie orientale de la chambre, et couvrant plusieurs périodes d'utilisation du Néolithique au Chalcolithique, à l'âge du Bronze et à des périodes plus récentes. Le mobilier lithique comprend 222 objets et près de 800 fragments de quartz, parmi lesquels quatre armatures de flèches tranchantes (dont une de type Sublaines), une armature perçante à pédoncule et ailerons et deux plaquettes de schiste. La céramique comporte un vase en tonnelet dit « pot‑de‑fleur », une série de 17 vases campaniformes et deux gobelets décorés à la cordelette. Les éléments de parure comprennent des pièces en or (sept plaquettes rectangulaires, un disque, trois perles tubulaires et une pépite perforée), des objets en os (un tube à décor incisé, quatre boutons perforés en « V » et quatre perles), des éléments en pierre (une plaque en calcaire et dix perles en variscite), trois pièces en ambre (deux perles et un pendeloque) et un coquillage. Enfin, le mobilier comprend des outils usuels tels qu'un poinçon en os, une alène et un anneau spiralé en cuivre.