Origine et histoire du dolmen de la pointe de Bilgroix
Le dolmen de la pointe de Bilgroix est une allée couverte située à Arzon, dans le Morbihan. Le site a été signalé en 1866 par G. de Closmadeuc et fouillé sommairement par la Société polymathique du Morbihan la même année, avec une description critique d'A. Taslé. En 1912, Zacharie Le Rouzic note que le propriétaire a partiellement détruit l'édifice lors d'un défrichement et qu'une grande quantité de poteries a été mise au jour. De petits mobiliers (poteries, silex) ont été découverts en 1961 lors d'aménagements routiers et d'adduction d'eau. L'essor touristique des années 1970 a transformé le site en dépotoir, et sa conservation a été assurée par un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 8 mars 1978. Les fouilles ont été poursuivies de 1989 à 1993 par Joël Lecornec, qui a entièrement exploré le site.
Le cairn, implanté sur le flanc nord‑ouest de la pointe de Bilgroix à 14 m d'altitude, a une forme de fer à cheval allongé longue de 17 m d'est en ouest et large de 7,90 m du nord au sud. Arasé en 1912, il n'atteint plus la hauteur originale estimée par Taslé à 3 à 4 m en 1866. L'ensemble est ceinturé par un premier mur de parement encore conservé sur 1 m de hauteur à l'extrémité sud‑est, et par un deuxième mur de parement composé d'un parement externe en gros moellons et d'un parement interne en petits moellons. Le parement interne s'élève jusqu'à 1,50 m de hauteur, au niveau de la seule table de couverture encore en place, qui mesure 3,30 m sur 2,80 m. Tous les blocs sont en leucogranite extrait sur place, et les espaces entre les murs et autour de l'allée ont été comblés par une couche de terre compactée mêlée de cendres.
L'édifice, improprement appelé « dolmen » selon Taslé, ne comporte pas de distinction entre couloir et chambre : il s'agit d'un long couloir délimité par des murs en pierres sèches. Sa largeur est de 1,25 m sur les premiers 7,50 m, puis s'élargit à 1,80 m sur 6,50 m et se termine par un orthostate de 1,60 m de hauteur dont les extrémités sont engagées dans le cairn ; aucun compartiment terminal n'a été identifié. Dans la section la plus large, le sol est dallé sur environ 2 m² ; la longueur totale de l'allée couverte est de 14 m et la hauteur sous dalle ne dépasse pas 1,60 m.
Au sud du cairn a été découverte une sépulture annexe orientée nord‑sud et délimitée par des murs en moellons à l'est et à l'ouest, avec une petite dalle transversale au sud et le côté nord appuyé au parement externe du cairn. Trois blocs alignés est‑ouest ont été trouvés au sud de cette sépulture : une grosse meule dormante, un bloc présentant des traces de polissage et une stèle brisée calée tête en bas ; la stèle mesure 0,55 m de haut, 0,35 m de large et 0,15 m d'épaisseur, avec un sommet convexe et une tranche bourchardée. À l'est/sud‑est du cairn, les fouilles ont révélé une structure en pierres sèches en forme de « S », bâtie selon la même architecture que le double mur de parement, sans que sa nature ait pu être déterminée.
Le mobilier archéologique ancien des fouilles de 1866 est conservé par la Société polymathique et comprend un abondant matériel céramique réparti en deux groupes : des bols hémisphériques à fond plat et des céramiques épaisses, cylindriques ou coniques, également à fond plat. Le mobilier lithique associe lames et fragments de silex, dont trois en silex du Grand‑Pressigny ; des ramassages en 1912 et 1958 ont livré des silex et une scie ou racloir à encoches en silex du Grand‑Pressigny. Les découvertes de Joël Lecornec ont été faites dans l'allée couverte, au nord du cairn et près de la structure indéterminée ; la sépulture annexe n'a livré aucun mobilier. L'ensemble du mobilier recueilli par Lecornec comprend essentiellement 28 700 fragments de céramique (bols, écuelles, vases) retrouvés le long des parois, une centaine de percuteurs en quartz, de nombreux déchets de taille de silex, une grande lame et une pointe en silex du Grand‑Pressigny, plusieurs haches en dolérite, ainsi que quelques éléments de parure (une pendeloque en forme de hache, un galet perforé et un fragment de cristal de roche. Quatre datations radiocarbone réalisées sur des charbons prélevés dans un foyer au niveau du substrat indiquent une attribution au Néolithique moyen pour un résultat et au Néolithique récent pour les trois autres. L'ensemble des céramiques semble appartenir à un faciès armoricain du S.O.M.