Origine et histoire du dolmen de Lamalou
Le dolmen de Lamalou, situé à Rouet dans l'Hérault, présente une conservation exceptionnelle pour la région. Classé au titre des monuments historiques par arrêté du 19 août 1954, il a été restauré en 1977. L'édifice a conservé la quasi-totalité de ses éléments de construction : tumulus, couloir, antichambre, chambre et dalles de couverture. Il est inclus dans un tumulus de 15 m de diamètre et 3 m de hauteur dont la base a été consolidée par une rangée circulaire de dalles plantées verticalement. Le dolmen s'ouvre au sud-ouest dans le sens de la pente naturelle. Le couloir mesure 5,10 m de long pour environ 1 m de large ; il est légèrement arqué et désaxé, sans doute sous l'effet de la poussée du tumulus. Il est bordé de murs en pierres sèches atteignant près de 1 m de hauteur à l'entrée de l'antichambre. L'entrée était marquée par une grosse pierre de seuil mentionnée par Arnal, aujourd'hui disparue. À 3 m du seuil, la partie terminale du couloir est couverte par deux dalles reposant directement sur les murs de pierres sèches ; on ignore si le couloir était entièrement couvert à l'origine, ce qui aurait exigé de ramper pour accéder à la chambre. Couloir et antichambre sont séparés par une cloison formée de deux dalles verticales, dont l'une comporte une ouverture en « porte de four » de 0,74 m de large sur 0,90 m de haut. L'antichambre mesure environ 2 m de long sur 1,80 m de large et sa hauteur varie de 0,90 à 1 m ; ses murs en pierres sèches, faits de fines dallettes, présentaient un léger encorbellement au nord tandis que le mur sud était effondré au moment des fouilles. Elle est couverte par deux dalles auxquelles une troisième a été ajoutée lors de la restauration. La chambre a un plan légèrement trapézoïdal, large de 2,24 m au niveau de l'entrée et de 2,17 m au chevet, pour une profondeur d'environ 2,10 m. Elle est délimitée par des orthostates inclinées vers l'intérieur dont les interstices ont été comblés par des murets en pierres sèches. L'entrée de la chambre est formée de deux dalles dont les parties supérieures se chevauchent, laissant à la base une ouverture triangulaire de 0,50 m de large sur 1 m de haut. Une dalle brisée de 0,80 m sur 0,64 m découverte devant cette ouverture correspondait probablement à la porte d'origine ; elle comporte une échancrure dans sa partie supérieure. La dalle de chevet est légèrement plus haute que les dalles latérales, ce qui donne une hauteur sous dalle de 1,88 m à l'entrée et de 2,10 m côté chevet. L'ensemble est recouvert d'une unique table de couverture ovale mesurant 3,50 m sur 2,50 m et 0,22 m d'épaisseur, qui déborde de 1,20 m au-dessus de l'antichambre. Le sol de la chambre est dallé grossièrement ; le sol de l'antichambre était probablement en terre battue. Le dolmen présente de fortes similitudes architecturales avec le dolmen voisin des Feuilles. La couche archéologique, recouverte d'un cailloutis, a livré un mobilier important dans toutes les parties de l'édifice, l'antichambre étant la plus riche. Les fouilles ont permis de recueillir plus de 50 kg d'ossements humains très fragmentés et environ 2 270 dents intactes. Le mobilier lithique en silex est abondant et comprend notamment deux grandes lames fines et six lames larges, deux poignards, huit fragments microlithiques, deux fragments de pointes de flèche dont l'une à pédoncule, douze grattoirs et 253 fragments et éclats divers. L'industrie osseuse est représentée par dix-huit poinçons en os réalisés sur tibias de lapin. Les éléments de parure comprennent plus de quatre-vingts perles en stéatite, callaïs, calcite ou bronze, et une vingtaine de pendeloques constituées de dents d'animaux percées et de coquillages. Le matériel céramique se compose de fragments de poteries mal cuites, ornées simplement de cordons en relief et de profondes incisions, correspondant au minimum à onze récipients. L'ensemble du mobilier archéologique est conservé au musée et au dépôt de Lattes.