Dolmen de Villard au Lauzet-Ubaye au Lauzet-Ubaye dans les Alpes-de-Haute-Provence

Patrimoine classé Patrimoine Celtique Dolmens

Dolmen de Villard au Lauzet-Ubaye

  • D7
  • 04340 Le Lauzet-Ubaye
Crédit photo : Photofan - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

Néolithique

Patrimoine classé

Dolmen de Villard (cad. 663) : classement par liste de 1900

Origine et histoire du dolmen de Villard

Le dolmen du Villard se trouve sur la commune du Lauzet-Ubaye, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il a été découvert par David Martin et signalé pour la première fois en 1894 par Gabriel de Mortillet. Unique vestige mégalithique conservé dans ce secteur des Alpes — les autres dolmens ayant été détruits au XIXe siècle — il a été classé au titre des monuments historiques en 1900 et appartient à la commune.

Bien qu'orienté nord-sud, orientation qui le rapproche des dolmens dits « alpins », son entrée occidentale et son architecture l'alignent néanmoins sur le groupe des dolmens provençaux. La chambre rectangulaire est bordée de six orthostates massifs mesurant entre 0,80 m et 1 m de longueur, environ 1,50 m de hauteur et 0,20 à 0,30 m d'épaisseur; le chevet est formé de deux dalles de mêmes dimensions. L'ensemble est coiffé d'une unique table de couverture triangulaire longue de 2 m, large de 1,50 m et épaisse de 0,30 à 0,60 m, qui ne repose plus que sur trois dalles. Le sol de la chambre comprend une grande dalle mince en schiste au sud-est, une autre plus petite à l'ouest et de la marne grise au nord; les interstices entre ces éléments et les orthostates ont été colmatés par des pierres.

L'entrée, très basse et étroite (0,30 à 0,35 m au-dessus du sol), est encadrée au nord-ouest et au sud-ouest par deux piliers triangulaires reposant sur leur large base. Elle était obturée par une dalle de fermeture trapézoïdale (0,60 m de haut et de large, 0,10 m d'épaisseur) appuyée sur une dalle de seuil en schiste de 0,80 m de long sur 0,35 m de large. Le couloir, orienté plein ouest (azimut 270°), est délimité par six orthostates disposés en parois parallèles et présente une longueur de 1,50 m pour 1,10 m au maximum; la hauteur des orthostates décroît depuis les piliers d'entrée, entre 0,90 m et 0,35 m. Le couloir ne débouche pas sur la périphérie du tumulus et était comblé de blocs au sein desquels ont été retrouvés une soixantaine d'ossements humains et animaux et un tesson de poterie.

Seule la partie occidentale du tumulus, composée de gros blocs entassés sans ordre, est encore visible; les secteurs sud et est ont été démantelés pour permettre les cultures, entraînant un affaissement partiel du dolmen. Les fouilles ont montré que l'édifice avait été installé sur une ancienne aire de combustion d'environ 9 à 10 m de diamètre, interprétée par Gérard Sauzade soit comme une opération de purification ou de sacralisation préalable, soit comme des travaux de défrichement.

Après une fouille superficielle menée en 1950 par E. Derbez qui n'avait livré que quelques ossements humains, Gérard Sauzade a dirigé quatre campagnes de fouilles entre 1980 et 1983. L'effondrement des deux dalles du chevet a contribué à la conservation d'une couche archéologique contenant plus de quinze connexions anatomiques et quatre crânes. La chambre a recueilli les dépouilles d'une vingtaine d'individus, dont plusieurs sujets jeunes ou très jeunes, déposés successivement à même le sol. Certains os présentent des traces de combustion et la présence de charbons au sein de la chambre laisse penser qu'un foyer a été allumé à l'intérieur.

Les restes animaux sont nombreux et variés : dents de bœuf, de chien, d'ovicapriné, de cochon, d'ours et de lapin, radius de chien et de renard, ainsi que des os longs de chien et d'ovicapriné; tous ces éléments ne résultent pas nécessairement de dépôts intentionnels, mais deux vertèbres de bœuf en connexion déposées sur le cairn correspondent manifestement à une offrande. Le mobilier funéraire compte vingt-trois tessons de céramique — dont cinq décorés au peigne de chevrons et triangles caractéristiques de la période campaniforme — un brassard d'archer, un poignard en cuivre, des segments de cercle, une défense de sanglier transformée en pendentif, quelques perles de formes variées (olivaire, discoïde, cylindrique) en os et en calcaire, ainsi que des outils en silex (sept éclats et deux lamelles). Les objets en bronze comprennent une bague spiralée et une épingle à tête en crosse. L'ensemble témoigne d'une utilisation au Chalcolithique récent suivie d'une réutilisation à l'âge du Bronze moyen.

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