Origine et histoire du dolmen des Pierres Blanches
Le dolmen des Pierres Blanches est situé à Castellane, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Il est inscrit au titre des monuments historiques en 1994. L'édifice se trouve à 1 249 m d'altitude, en bordure d'un replat offrant un large panorama du nord au sud-ouest, ce qui ne semble pas fortuit. L'édifice et son cairn ont été construits en calcaire local, selon un axe sensiblement nord-sud, l'entrée étant orientée au sud. Son architecture le rattache au groupe des petits dolmens provençaux de l'est du Var et des Alpes-Maritimes. La chambre, de petite taille (1,75 m de long sur 1,40 m de large), est précédée d'un couloir plus étroit et plus bas. Elle est délimitée au nord par une grande dalle de chevet et au sud par deux orthostates séparés d'environ 0,30 m formant l'entrée. Les côtés est et ouest étaient probablement constitués de murets en pierres sèches ; seul le côté ouest a été restauré. L'ensemble est recouvert d'une unique table de couverture de 2,80 m sur 2,40 m et d'environ 0,40 m d'épaisseur, dont le poids est estimé à 9,8 tonnes. Le couloir, court (1,50 m), est fermé à son extrémité par deux petites dalles ; il est comblé de pierres sèches et recouvert d'une dalle unique. Il est difficile d'estimer le volume initial du cairn, ses pierres ayant été réutilisées ultérieurement pour l'édification de restanques et de murets en pierre sèche aux époques historiques. Connu de longue date et utilisé comme abri par les bergers et les chasseurs, le dolmen avait été pillé avant la fouille archéologique conduite en 2006 par l'équipe scientifique du musée de Préhistoire des gorges du Verdon. La fouille a toutefois permis de localiser une couche de remplissage archéologique préservée et d'y recueillir 415 os et fragments d'ossements humains, 82 éléments de parure, deux armatures de silex, 18 plaquettes calcaires, un nodule de sulfure de fer et dix micro-tessons de céramique. Bien que très fragmentés, les ossements montrent que les individus inhumés étaient majoritairement des adultes. Les éléments de parure comprennent principalement des perles de plusieurs types — circulaires plates, en tonnelet et à ailettes — fabriquées en calcaire, en test de coquillage et probablement en stéatite, ainsi que deux pendeloques et une ammonite pyriteuse percée. Les micro-tessons de céramique sont probablement d'origine extérieure et postérieurs aux inhumations. La fouille a aussi mis au jour de nombreux petits galets calcaires au niveau de la couche la plus ancienne ; compte tenu du contexte géologique, ces galets ne peuvent correspondre à un dépôt naturel. La typologie du dolmen, la présence de perles à ailettes, la techno-typologie des armatures et le contexte régional du mégalithisme plaident pour une attribution de la construction et des niveaux les plus anciens au Néolithique final ; une datation de l'ordre de 2 500 av. J.-C. est une hypothèse de travail plausible.