Origine et histoire de la Peyrelevade
Dolmen dit Peyrelevade, autrefois sur parcelle B 4 de la commune de Roussayrolles, situé à Vaour dans le Tarn. Le monument est signalé à de nombreuses reprises au XIXe siècle, notamment par A. du Mège en 1821 et par H. Crozes en 1865, et figure dès 1867 dans divers inventaires mégalithiques nationaux ; il a été inscrit sur la liste des monuments historiques en 1882 puis classé en 1889. Il a fait l’objet de sondages et d’opérations de terrain dans les années récentes, dont un sondage en 1982, un sondage par Jean Lautier en 1984 et une fouille de sauvetage en 1994. Le dolmen, perché sur un plateau calcaire, est le plus grand connu dans le département et appartient à une vaste concentration de monuments homogènes qui s’étend vers le Tarn‑et‑Garonne, l’Aveyron et le Lot. L’érosion a largement arasé le tumulus, dont la fouille de sauvetage a néanmoins permis de restituer la structure : il présentait la forme d’un trapèze allongé, la partie ouest ayant été amputée par la construction de la départementale D15. Aux mesures relevées correspondent une largeur de 7,80 m côté sud‑est, des longueurs de 9,60 m à droite et 8 m à gauche, et une largeur réduite à 7,40 m à un autre niveau ; le tumulus était ceinturé d’un parement soigné haut de 0,40 à 0,60 m sur la façade. L’édifice a été construit presque perpendiculairement à une faille orientée nord‑est/sud‑ouest ; le sol d’origine, parcouru de diaclases, a été martelé pour être régularisé puis protégé par une couche de béton armé lors des travaux de consolidation de 1984. La chambre funéraire est délimitée latéralement par deux importants orthostates : le montant droit mesure 3,73 m de long sur 1,75 m de large et présente un état de délitement avec une cassure ouvrant un passage de 1,00 × 0,55 m, tandis que le montant gauche, plus conservé, fait 3,53 m sur 1,70 m. Ces dalles sont enfoncées d’environ 0,40 m dans des fosses de fondation creusées dans le substrat rocheux. Un pilier de soutènement en béton a été posé sous la table de couverture, aujourd’hui brisée en deux, qui s’étend sur 4,62 m de long et 2,86 m de large pour une épaisseur de 0,50 à 0,60 m. Le sondage de 1982 dans la chambre n’a livré aucun matériel, mais l’essentiel du mobilier provient de l’entrée, mêlé aux sédiments argileux. Les restes osseux comprennent vingt fragments crâniens, soixante phalanges, soixante‑dix dents, une douzaine d’esquilles d’os brûlés et environ cent cinquante débris difficiles à identifier. Le mobilier comprend des éléments de parure — perles annulaires en stéatite, schiste et calcaire de formes variées (tonnelet, cylindrique), une canine de chien montée en pendeloque, sept dentales et un coquillage marin — ainsi que quelques outils lithiques (un petit nucléus, un éclat de silex non retouché, une armature de flèche à pédoncule et ailerons) et une masse en granite ou grès vraisemblablement utilisée pour le martelage du sol. Le lot céramique compte trois cents tessons de petite taille d’une céramique grossière à gros dégraissant de quartz, six tessons de céramique sigillée gallo‑romaine, et l’ensemble est complété par une épingle en cuivre. Ces éléments correspondent à une utilisation principale à l’âge du cuivre par la culture artenacienne, avec des réutilisations ponctuelles à la fin de l’âge du bronze et à l’âge du fer. Dans la tradition locale, le dolmen est appelé La Jayantière : une légende rapporte que des géants l’auraient édifié pour y sacrifier de jeunes femmes et que saint Antonin, en délivrant une victime, provoqua la colère des géants qui auraient brisé la dalle de couverture.