Origine et histoire des dolmens des Adrets N° 3
L'ensemble mégalithique des Adrets, composé de quatre dolmens à Brignoles (Var), a été découvert par Georges Bérard en 1962 ; les monuments n°1 à n°3 ont été fouillés la même année et le n°4 en 1986. L'absence d'ossements brûlés et la présence de mobilier du Campaniforme ont conduit à considérer le dolmen n°4 comme le plus récent, et l'ensemble aurait accueilli les dépôts successifs d'environ 150 à 200 individus. Les quatre édifices sont protégés au titre des monuments historiques depuis 1988 : inscription pour les dolmens n°1 à n°3 et classement pour le dolmen n°4.
Le dolmen n°1 occupe une colline à 341 m d'altitude, dominant la plaine du Val au nord. Il conserve un tumulus ovale d'environ 10 m sur 8 m et 0,60 m de hauteur, et une chambre rectangulaire d'environ 1,95 m sur 1,70 m, bordée au nord et au sud par des murets en pierres sèches. La dalle de chevet, longue de 2,60 m, est plus basse au nord et la table de couverture, en dolomie extraite du substrat local (3,05 m × 1,95 m × 0,43 m, poids estimé 10 t), repose inclinée vers le nord en partie sur le tumulus. L'accès, orienté à l'ouest, est précédé d'un couloir d'environ 1,62 m sur 0,80 m, délimité par un seuil et des murets incurvés, et la porte est encadrée par deux piliers d'inégales hauteurs ; le sol était dallé de petites pierres plates.
Les fouilles de G. Bérard ont mis en évidence trois couches stratigraphiques, la couche A ayant été fortement perturbée par des occupations et des pillages. Les vestiges comprennent abondants ossements animaux (sanglier, mouton, âne, lézard, lapin, campagnol, merle, perdrix), ensembles d'ossements humains fragmentés avec traces d'incinération et non incinérés totalisant plusieurs kilogrammes et plusieurs centaines de dents (notamment un lot de 7 kg avec 751 dents, un lot non incinéré de 2,5 kg comprenant 51 dents, et un autre lot incinéré de 5 à 6 kg regroupant 399 dents), ainsi qu'un important mobilier de parure et d'ornement (perles en bauxite, stéatite, os et calcaire ; pendeloques en coquillage, os, cristal et dentale), quelques fragments de bracelets en bronze, pointes de flèches et tessons de céramique. Ces découvertes témoignent d'une utilisation prolongée du monument du Chalcolithique jusqu'à l'âge du Bronze.
Le dolmen n°2, restauré en 1992 par Hélène Barge, est un petit monument situé au sud-ouest du dolmen n°1, au sommet d'une colline à 352 m d'altitude. Son tumulus de 7 m de diamètre, composé de pierrailles et sans doute initialement ceint d'un mur circulaire à double parement, a probablement contribué à la protection du monument. La chambre, de plan carré (1,30 m × 1,30 m) et ouverte à l'ouest, est bordée au nord et au sud par des parois en pierres sèches ; la dalle de chevet, rompue en deux, mesure 1,58 m de large pour 1,30 m de haut. L'entrée est encadrée par deux piliers de tailles différentes, dont le pilier sud, retrouvé brisé et renversé, présente des angles arrondis par bouchardage, tandis que le dolmen ne comporte pas de couloir.
Les fouilles ont mis au jour des dépôts funéraires incinérés protégés par des dalles et un amas de cailloux, puis une série de dépôts successifs dans la couche B. Le mobilier et les restes comprennent dents et ossements d'animaux (caprinés, suidés, serpent, oiseaux, veau), restes humains fragmentés avec de nombreux éléments dentaires (notamment un ensemble de 629 dents dont 99 attribuées à des enfants et 15 à des adultes), fragments de vases, une pointe de flèche, pendeloques en coquillage et en os, défenses et canines, perles en schiste et autres matières, ainsi que deux anneaux en cuivre ou bronze et treize tessons de céramique. Ces données confirment l'usage du dolmen n°2 pour des dépôts funéraires incinérés.