Domaine agricole de Maison Rouge, actuellement musée des arts décoratifs de l'Océan Indien (MADOI)

Domaine agricole de Maison Rouge, actuellement musée des arts décoratifs de l'Océan Indien (MADOI)

  • 97450 Saint-Louis
Crédit photo : Thierry Caro - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1700
1800
1900
2000
1724
Début de la culture du café
1725
Première concession
1732
Séparation de l'habitation du Gol
1786
Décès de Jacques Desforges-Boucher
1811
Abandon partiel de la plantation
1827
Rachat par Richard Nairac
1830
Reconstitution du domaine
1848
Abolition de l'esclavage
1867
Expropriation du domaine
1987
Classement du domaine
2004
Classement complet du domaine
2008
Création du MADOI
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Le domaine agricole en totalité, y compris la maison de maître (son jardin, son escalier d'honneur) , portion comprise entre la jonction des Trois Ravines et les limites du parc (cad. DT 308, 358, 334, 335, 342 ; DS 1) : classement par arrêté du 5 mai 2004

Personnages clés

Jacques Desforges-Boucher Propriétaire initial du domaine, organisateur des bâtiments autour d'une grande cour.
Richard Nairac Gérant pour les héritiers Desforges-Boucher, racheteur de parts en 1827.
Anne Marie Lucie Murat Reconstitution de l'habitation dans les années 1830.
Dominique Edevin Hoarau Propriétaire du domaine après son expropriation en 1867.
Fernand Albert Inard Propriétaire du domaine en 1897.
Léonus Bénard Propriétaire du domaine après son mariage avec Fernande Inard en 1917.
Adrien Grondin Régisseur du domaine de 1926 à 1960.

Origine et histoire

Le domaine agricole de Maison Rouge, situé à Maison Rouge sur la commune de Saint‑Louis à La Réunion, est une ancienne plantation coloniale classée Monument historique dans son ensemble le 5 mai 2004 et abrite depuis le 20 décembre 2008 le Musée des arts décoratifs de l'océan Indien (MADOI). Le site est voué à la production de café dès 1724 ; la première concession date de 1725 et la propriété a été édifiée au XVIIIe siècle par la famille Desforges‑Boucher qui a organisé les bâtiments autour d'une grande cour. Séparée de l'habitation du Gol en 1732, la plantation produisait au milieu du XVIIIe siècle une importante culture de café et des céréales, et comptait en 1752 une exploitation dotée de 10 000 caféiers, de diverses récoltes et d'un cheptel important, ainsi que 99 esclaves. À la mort de Jacques Desforges‑Boucher en 1786 les bâtiments et les cases à esclaves étaient dans un mauvais état, et en 1811 la plantation paraît en grande partie abandonnée avec des surfaces cultivées extrêmement réduites. Richard Nairac, gérant pour les héritiers Desforges‑Boucher, rachète des parts en 1827 ; ses héritiers récupèrent le domaine en 1831‑1832, puis Anne Marie Lucie Murat reconstitue la totalité de l'habitation dans les années 1830. Dans le contexte de la « mise en sucre » de l'île, le domaine voit la substitution progressive de la canne à sucre au café et aux autres cultures ; pour transformer la plantation en sucrerie industrielle on construit alors quatre bâtiments équipés d’une machine à vapeur, de chaudières en fonte, de tables à sucre et d’une purgerie. En 1848 la plantation compte 217 esclaves, principalement créoles et cultivateurs, mais aussi quelques « Noirs à talents » occupant des fonctions techniques telles que chef de pompe ou chef sucrier. Par décret du 27 avril 1848 l'esclavage est aboli et, en 1849, Anne Marie Lucie Nairac, veuve Murat, et son fils Hyacinthe perçoivent une indemnité de 239 981 francs or pour la perte de leurs esclaves. Après l'abolition, face au refus des nouveaux affranchis de travailler pour des salaires insuffisants, les propriétaires recourent au recrutement d'engagés, principalement d'origine indienne, pour assurer la main‑d'œuvre des champs de canne. L'économie sucrière atteint son apogée au milieu du XIXe siècle, puis connaît une grave crise à partir de 1863 ; la famille Murat hypothèque alors le domaine, qui est exproprié en 1867 par le Crédit Foncier Colonial au profit du négociant Jean‑Baptiste Pruche‑Aubry puis vendu à Dominique Edevin Hoarau. À cette époque la plantation compte 279 engagés et le propriétaire procède à des remembrements qui portent la propriété à plus de 500 hectares à Saint‑Louis, auxquels s'ajoutent d'autres terrains au Gol et à L'Étang‑Salé. Après la mort de Dominique Edevin Hoarau père en 1885, son fils administre les biens et rachète Maison Rouge en 1891 ; le domaine couvre alors 357 hectares, dont 330 cultivés en caféiers, cannes à sucre et céréales, et la sucrerie reste en activité. En 1897 la propriété passe à Fernand Albert Inard, et en 1917 sa fille Fernande épouse Léonus Bénard ; Fernand lui donne Maison Rouge tout en se réservant l'usufruit de la maison de maître et de ses dépendances. Le couple Bénard, déjà propriétaire du domaine de Pierrefonds, renforce son emprise foncière après la Première Guerre mondiale, et en 1922 Léonus Bénard acquiert notamment les domaines du Gol et de Bel Air. Résidant à Pierrefonds, Fernande Bénard laisse la gestion de Maison Rouge à des régisseurs, parmi lesquels Adrien Grondin de 1926 à 1960 ; les productions principales sont alors la canne à sucre, le maïs, les cacahuètes et le manioc. En 1966 est créée une société civile de Maison Rouge ; après la mort de Fernande en 1971 et une nouvelle crise sucrière dans les années 1970, le domaine se fragilise et se réduit progressivement. En 1975 la société civile cède la partie basse et inculte au Département de La Réunion pour des logements sociaux, projet qui n'aboutit pas, et ces 40 hectares sont acquis par le Département en 1979 puis vendus à la commune de Saint‑Louis en 1981, qui les inscrit en espace boisé classé. Le 29 octobre 1982 la société civile cède la partie haute de 348 hectares à la SAFER, qui lotit l'ancienne plantation au profit d'anciens colons et de petits propriétaires, puis les bâtiments historiques sont transférés à la commune les 20 février et 2 mars 1987 en vue de créer un musée. La Commission régionale du patrimoine accepte le 28 juillet 1987 le classement de la maison, de ses dépendances et du verger ; l'ensemble du domaine est classé au titre des monuments historiques le 5 mai 2004. Depuis le 20 décembre 2008, le bâtiment des anciennes écuries accueille le Musée des Arts décoratifs de l'océan Indien (MADOI), et la villa en ruine a été retenue sur la liste finale du premier Loto du patrimoine le 14 septembre 2018. Le domaine reste l'un des derniers ensembles intacts de l'île, comprenant la maison de maître, ses dépendances domestiques, le parc, les bâtiments agricoles, l'argamasse (aire de séchage du café) et le village. La maison de maître, de style néo‑classique tardif XVIIIe‑début XIXe siècle, présente une façade écran caractéristique de l'architecture créole des années 1830, avec une varangue centrale à arcades et des fenêtres à imposte ; des extensions du dernier tiers et du premier tiers du XXe siècle abritent notamment la salle à manger et la maison des hôtes. L'ensemble forme un système d'espaces cohérent et compact organisé autour de la vie d'une exploitation, avec une séquence distributive visible le long de l'allée principale : d'abord une zone d'habitat désorganisé (les cases des esclaves puis des engagés), puis la zone de production avec l'argamasse et l'usine. L'existence d'un système de collecte des eaux est attestée par la présence d'un vivier, d'une grande citerne aujourd'hui vide, d'un petit bassin ornemental et d'un vaste abreuvoir, regroupés autour d'un espace divisé en trois terrasses. Sur la terrasse médiane se situent les argamasses, les bâtiments agricoles et le village « la Kour », reconstruit par la collectivité sur l'emplacement de l'ancien village des engagés ; en contrebas des bâtiments d'exploitation se trouve une chapelle vouée au culte indien, érigée sur l'emplacement de celle édifiée en 1852 par Gabriel Le Coat de Kerveguen.

Liens externes

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