Origine et histoire
Le domaine d'Yville, château posé sur une terrasse dominant un méandre de la Seine à Yville-sur-Seine (Seine‑Maritime, Normandie), est une propriété privée inscrite au titre des monuments historiques. La tradition fait remonter au XIIIe siècle la fondation d'une chapelle à Pouillé, fief de Guillaume d'Yville, et en 1407 Jacques de Trie rend aveu pour un manoir seigneurial doté d'un colombier, de granges, d'étables et de jardins ; ce manoir fut détruit en 1708. La reconstruction de la demeure commence en 1708 sous la direction de François Le Menu de Lanoë, sur des plans attribués à Jules Hardouin‑Mansart, mais les travaux sont abandonnés en 1717 en raison de faillite. Les créanciers cèdent la propriété à John Law de Lauriston qui la possède de 1720 à 1723 avant d'être lui‑même déclaré en banqueroute, puis l'adjudication de 1723 profite à Jean‑Prosper Goujon, marquis de Gasville et intendant de Rouen. L'architecte Jean‑Jacques Martinet reprend les travaux entre 1723 et 1735 selon le devis rédigé par Flambart, intendant d'Yville, et on s'occupe parallèlement de replanter le jardin. Martinet utilise une belle pierre calcaire locale, avec remplissage en brique et pierre ainsi que bois et pan de bois ; l'ensemble est presque achevé en 1735, la couverture d'ardoise et les carreaux des fenêtres restant à poser. Jean‑Prosper Goujon de Gasville s'installe dans la demeure en 1742 ; la rampe en fer du grand escalier est commandée en 1766 à Louis Gérome Hegaux, maître serrurier à Caudebec. Pierre Charles Auguste Goujon de Gasville épouse en 1785 Charlotte Marie de Malartic, et au XXe siècle la propriété appartient à la famille Maurès de Malartic. Le 19 juillet 1931, Arnauld de Maurès de Malartic, maire, reçoit le ministre de l'Agriculture André Tardieu, accompagné du préfet Joseph Desmars et du sénateur Gaston Veyssière. En 1943, le château sert de poste de commandement à la 21e Panzerdivision puis à la 9e Panzerdivision. En 1983 Michel Frances achète la propriété, la restaure entièrement et y vit avec son épouse Claude jusqu'à son décès en 1996 ; le château est vendu en 1997 à un propriétaire anglais qui en est actuellement le détenteur. Selon l'expertise de Gilles Hue, architecte à Pont‑Audemer, le château commencé au XVIIe siècle mesurait 66 pieds de long sur la face du jardin. À la date du constat, de nombreux éléments étaient à l'abandon : deux petits perrons donnant accès au jardin d'honneur nécessitent réparation, les communs et les basses‑cours doivent être restaurés, et les avenues de la cour d'honneur ont disparu. Les jardins étaient alors en très mauvais état, avec environ 300 arbres et six carrés signalés près du colombier. La visite de 1723 décrit la chapelle comme solide, située à 150 pieds de la demeure, longue de 40 pieds sur 20, dotée de quatre grandes fenêtres (deux côté bois de Mauny, deux côté Seine), lambrissée en sapin et pourvue d'un plafond ou d'une voûte en plâtre ; elle est sise dans la cour d'honneur. Le château a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 7 octobre 1931, et l'ensemble du domaine — bâti, clôture, parc, perspectives et parc à gibier — a été inscrit par arrêté du 19 novembre 2002 ; le parc à gibier se situe dans l'Eure, sur la commune de Barneville‑sur‑Seine.