Origine et histoire
Fondée au XIIe siècle par les abbayes cisterciennes de l'Éclache et de Noirlac, l'abbaye Notre‑Dame de Bussière existe à l'origine sous la forme d'une communauté préexistante qui change de lieu après des donations, se rapprochant de Vallon‑en‑Sully en 1188 puis s'établissant au cours du XIIIe siècle sur son emplacement actuel. Les bâtiments conventuels et l'église datent de cette période ; il en subsiste le portail roman intégré dans l'aile nord et le bénitier retrouvé dans la chapelle actuelle. Entre 1350 et 1492, la guerre de Cent Ans et des inondations provoquent de graves dégradations et la ruine de l'abbaye. À partir de 1492 les familles de Moussy et de Beauquère se partagent la charge d'abbesses ; une abbesse de Moussy reconstruit les bâtiments conventuels vers 1530 sur la même implantation et fait édifier, faute d'une église intacte, une chapelle à l'arrière de l'aile nord. L'ensemble était alors entouré d'une enceinte extérieure pourvue de tours ; parmi les vestiges figurent aujourd'hui les corps de bâti nord, est et sud convertis en communs, une tour devenue chapelle et des vitraux de la chapelle. En 1625 la communauté est transférée à Bourges et le « vieux Bussière » devient un domaine agricole dont les bâtiments servent aux fermiers. En 1758 l'abbesse Reine‑Charlotte de Bry d'Arcy fait ériger un nouvel logis abbatial, correspondant à l'aile du XVIIIe siècle. L'abbaye et ses métairies sont vendues en 1791 à Jean Garraud du Planchat ; en 1821 Jacques Serre acquiert le domaine, qui revient en 1837 à son fils Léon Serre. Léon Serre aménage le parc à l'anglaise derrière la maison, organise les communs — construction du pigeonnier, installation d'écuries dans l'ancienne église, garage, bûcher et grange — transforme la tour de défense en chapelle et ajoute une aile d'habitation en retour de l'aile du XVIIIe siècle. En 1874 Gabriel de Serres agrandit encore la propriété et enrichit l'intérieur par des boiseries, tapisseries et tableaux anciens ; en 1927 les héritiers font construire une extension prolongeant l'aile du XIXe siècle. L'abbaye féminine, de tradition cistercienne et implantée en Bourbonnais, a été transférée à Bourges en 1625 et le site originel a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2020. Le domaine se situe à environ quatre kilomètres à l'ouest de l'autoroute A71, dans la vallée peu profonde de la Queugne, juste en amont de la confluence avec le ruisseau de l'étang Jauny, à quelque 207 mètres d'altitude, sur la limite entre le Cher et l'Allier mais entièrement dans l'Allier. La fondation a bénéficié du soutien de donateurs tels qu'Ebbes de Déols et Guiberge de Bourbon, ainsi que d'offrandes comme celle d'Aulaet Lacabata en 1202, et les appuis durables de la maison de Culan. Les questions de filiation entre l'Éclache et Noirlac ont suscité un long conflit d'autorité et produit un fonds d'archives notable, marqué par des revendications de contrôle économique et spirituel et par des interventions d'abbés supérieurs. L'abbaye a également donné naissance à un établissement à Montluçon, connu sous le nom de Saint‑Robert. Architectoniquement, l'ancienne disposition en trois ailes autour d'une cour, conservée lors de la reconstruction du XVIe siècle, se reconnaît encore dans le bâtiment actuel qui forme un U de trois ailes basses, avec un jardin potager à l'ouest ponctué de bassins circulaires. Les vestiges de l'église du XIIIe siècle et les éléments du XVIe siècle témoignent de ces différentes phases et de la réaffectation des lieux au fil des siècles.