Patrimoine classé

Ancienne sucrerie (cad. 1043) : inscription par arrêté du 28 septembre 1937 - Anciens jardins de Chanteloup : parties comprenant des parties architecturées : pavillon d'entrée ouest de la grille dorée (cad. C 2) ; parties non classées du pavillon d'entrée est de la grille dorée (cad. C 15) ; partie centrale de l'ancienne maison du jardinier-chef (cad. C 2658) ; parcelles C 1 à 7, 11 à 13, 21, 25 à 27, 29 à 32, 36 à 38, 40 à 45, 47 à 62, 65 à 68, 70, 2540 à 2545, 2655 à 2661, 2711, 2712, 2729, 3072, 3134, 3135, 3286, 3404 à 3408, 3485, 3486, 3510 à 3513, 4020, 4021, 4514, 4515, 4584, 4585, 4992 à 4999, 5006, 5007 : inscription par arrêté du 11 juillet 1994 - Site en terrasse de la pagode (à l'exception des parties classées) , comprenant : les allées de Saint-Gatien et de la Ménaudière ; une partie du parc boisé entourant l'ancien grand canal, limitée au sud par les allées convergentes de Chandon et de Coulaine, à l'ouest et à l'est par l'allée de Dierre et la départementale 31 (cad. B 28, 29, 31 à 36, 52, 53, 334, 410 à 415, 424) : inscription par arrêté du 30 mai 1994 - Pagode, sa chaussée avec les grilles, les balustrades, le mur de soutènement et le pavillon dit du Concierge ; bassin en demi-lune, grand canal, allée qui les borde et alignements d'arbres le long du canal ; sols des parcelles B 32 et 33 (à l'exclusion des bâtiments) ; façades et toitures du pavillon d'entrée est dit de la Grille dorée ; douves et leur mur de soutènement (cad. B 30 à 33, 36, 411, 412, 414 lieudit Chanteloup ; C 14 à 16) : classement par arrêté du 26 février 1996

Origine et histoire

Le domaine de Chanteloup, situé sur les hauteurs d'Amboise en Touraine, fut acheté en 1711 pour la princesse des Ursins, qui fit réaménager le château et les jardins. En 1761 le domaine passa entre les mains d'Étienne-François de Choiseul, qui l'agrandit et l'embellit largement à partir de cette date sous la direction de son architecte Louis‑Denis Le Camus. Sous Choiseul, le parc reçut des parterres, des bosquets, des bassins, un parc boisé au nord traversé par sept larges avenues, une pièce d'eau en demi-lune prolongée par un canal de 500 mètres, et un jardin anglo-chinois aujourd'hui disparu. La transformation la plus spectaculaire fut l'édification de la pagode par Le Camus, haute de 44 mètres et achevée en 1778, qui dominait le miroir d'eau et formait le point de convergence de sept avenues forestières. Le château lui‑même fut prolongé par des portiques et doté de pavillons est et ouest, aménagés respectivement pour les bains et la chapelle, tandis que de vastes communs s'organisaient autour de trois cours. Choiseul y tint une vie mondaine intense pendant sa disgrâce, recevant visiteurs et musiciens et organisant des réceptions, tout en poursuivant des aménagements destinés à accroître le confort et l'exploitation agricole du domaine. Après la mort de Choiseul, le domaine connut des ennuis financiers et fut vendu en 1786 au duc de Penthièvre, puis traversa les troubles de la Révolution où il fut confisqué, vidé de son mobilier et partiellement transféré au musée des Beaux‑Arts de Tours. Revendu à la fin du XVIIIe siècle puis acquis en 1802 par Jean‑Antoine Chaptal, le domaine servit à des expérimentations agricoles, notamment la culture de betteraves pour la production de sucre, mais des difficultés économiques entraînèrent des ventes par lots dans les années 1820. Le corps principal du château fut finalement démoli avant 1830 par des marchands de biens appartenant à la « Bande noire », qui dépècèrent la demeure pour en vendre les matériaux, et la bâtisse disparut en quelques semaines. Malgré ces destructions, plusieurs éléments subsistent : la pagode, le pavillon du Concierge et deux pavillons d'avant‑cour encadrant la grille, ainsi qu'un parc qui a conservé des traces de l'ancien réseau de perspectives. La pagode, conçue comme une fabrique de jardin et dédiée à l'amitié et à la reconnaissance envers les amis de Choiseul, conserva une inscription célébrant le don du duc et indiquant les dates de sa construction. Pour alimenter les jeux d'eau, Choiseul fit intervenir l'ingénieur Pierre‑Joseph Laurent et fit tracer un canal depuis l'étang des Jumeaux, ouvrage détruit pendant la Révolution pour récupérer les canalisations en plomb. La silhouette de la pagode mêle l'inspiration des chinoiseries à une ornementation de pur style Louis XVI : elle comporte sept étages en retrait, un péristyle de seize colonnes et seize piliers, et un escalier intérieur de 149 marches menant au sommet. Son plan et ses éléments — les sept avenues convergentes, les sept étages, l'escalier et la pièce d'eau en demi‑lune — ont été associés à un possible symbolisme maçonnique, sans qu'on puisse l'affirmer. Restaurée entre 1908 et 1910 par René‑Édouard André, la pagode appartient aujourd'hui à ses descendants et a été ouverte à la visite à la fin des années 1990 par la famille André. Le domaine a fait l'objet de protections successives, avec une première inscription en 1937 ; une partie importante, comprenant la pagode et son parc de vingt hectares ainsi que plusieurs pavillons et grilles, est classée au titre des monuments historiques depuis le 26 février 1996, et d'autres éléments (la sucrerie, la terrasse et le jardin) sont inscrits. Des éléments du décor sculpté du domaine ont été dispersés en Touraine, comme des vases en marbre sur le pont Wilson à Tours, des sphinges à Chenonceau et deux colonnes dans le parc de Valmer. Le mobilier du château fut largement dispersé au gré des ventes et des confiscations : portraits, sièges estampillés et pièces attribuées à des ébénistes célèbres figurent aujourd'hui dans des collections publiques et ont circulé en ventes. Au XXe siècle, des propriétaires et amateurs, parmi lesquels Jehanne d'Orliac, ont contribué à la sauvegarde de bâtiments subsistants et à la mise en valeur du site ; elle légua notamment l'un des pavillons à la ville d'Amboise et au département d'Indre‑et‑Loire. Le pavillon du Concierge accueille aujourd'hui un petit musée présentant plans, reproductions, portraits et une visite virtuelle en 3D du château et des jardins à l'époque de Choiseul, et le musée Hôtel Morin d'Amboise conserve un grand plan aquarellé des environs de Chanteloup illustrant la disposition du domaine au XVIIIe siècle.

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Voir également

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