Origine et histoire
L'Habitation l'Ermitage est une ancienne plantation coloniale située à Trois-Rivières, sur l'île de Basse-Terre en Guadeloupe. Son existence est attestée dès 1664, date à laquelle le gouverneur Charles Houël fit don des terres à Pierre Millet. Installée sur le flanc sud de la Montagne Saint-Charles face au canal des Saintes, elle fut d'abord une exploitation vivrière avant de devenir une caféière au tournant du XVIIIe siècle. Le domaine, revendu en 1768 à Jean-Jacques Carra de La Villarde qui lui donna le nom d'Ermitage, changea de mains au début du XIXe siècle et fut acquis en 1812 par Pierre Texier de Lavalade. Sous la famille Texier, l'exploitation fut transformée en sucrerie de 1815 à 1848; la maison principale y fut édifiée vers 1830 et les dépendances construites dans les années suivantes. L'habitation conserva ensuite une production caféière et, au XXe siècle, s'orienta également vers la culture de la banane et l'élevage. En 1896 Jean Baptiste Numa Collin de la Roncière acheta le domaine; il le transmit à sa fille Laurence, épouse de Leopoldo Petrelluzzi, et la propriété resta dans la famille Petrelluzzi. Durant cette période la production se diversifia et le domaine continua ses activités agricoles ; Ferdinand Petrelluzzi fit par ailleurs ériger dans le parc une statue du Christ rédempteur de six mètres réalisée par la société Ghisoni et Zanella. La maison du maître, de plan rectangulaire et construite vers 1830, est une habitation créole simple d'un niveau reposant sur des assises de pierres maçonnées. Elle s'élève sur une large terrasse et est entourée d'un jardin d'agrément ; son toit à croupes présente des débords soutenant une galerie périphérique dont la couverture repose sur de fins piliers en fonte surmontés de chapiteaux en bois. Les dépendances — cuisines, annexes en bois et écuries — furent édifiées entre 1830 et 1837 sur la même terrasse naturelle, dans un ensemble organisé en jardins et allées bordées de palmiers royaux. Deux maisons annexes en bois datent du deuxième quart du XIXe siècle, tandis que les vestiges des bâtiments industriels ont presque entièrement disparu. La source dite « Marthe » est canalisée et alimente les bâtiments, notamment un bassin couvert de plan octogonal. Il subsiste au sol des structures de l'écurie et, en contrebas, un parc à fumier intéressant qui pourrait remonter à la seconde moitié du XIXe siècle. La maison du maître et la quasi-totalité des constructions et vestiges ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 2004, puis d'un classement en 2006.