Origine et histoire
Le domaine a été acquis au début du XIXe siècle par un marchand quincaillier en gros d'Ambenay ; son fils Emile-Claudius Baraguay-Fouquet en hérite en 1852. Dès 1855, Baraguay fit établir des projets de transformation du château de la Vallée, peut‑être réalisés, et il fit planter en 1865 un parc selon le système de Le Nôtre et de Kent, réalisé par François Duvillers. L'actuel château fut construit entre 1876 et 1879, avec réemploi partiel de l'édifice antérieur, par l'architecte J. Baumier de Caen, surtout connu pour ses réalisations à Trouville et Houlgate. Baumier conçut également l'organisation nouvelle du domaine : avenue d'accès, clôture, chapelle et pavillon de chasse, et vraisemblablement les communs et la ferme. Cet ensemble témoigne de la réussite sociale d'un grand capitaine d'industrie et se distingue par l'ampleur de la composition, la notoriété de son architecte, la qualité de son architecture, son style éclectique et la conservation des dispositions intérieures et du décor d'origine.
Le château de la Chapelle, appelé aussi château de la Grande Chapelle, est situé dans la commune de Champmillon, en Charente, à une dizaine de kilomètres à l'ouest d'Angoulême. Vers 1040, le comte d'Angoulême Geoffroi Taillefer donna plusieurs terres sur Champmillon à l'abbaye de Saint-Cybard ; le cartulaire de 1286 mentionne le fief de la Chapelle, donné par le sieur Gardrat à l'abbaye. Jusqu'au XVIIIe siècle, les propriétaires de la Chapelle rendaient hommage à l'abbé de Saint-Cybard. Parmi eux figurent les Faligon au XVIe siècle, dont l'un était procureur fiscal à l'abbaye durant les guerres de religion ; par le mariage de Laetitia Faligon, la famille Maron devint propriétaire au XVIIe siècle et conserva le domaine jusqu'en 1737. La famille Maron est notamment connue par Jacques de La Croix Maron (1560-1620), seigneur de Segonzac, qui a inventé la double chauffe dans l'élaboration du cognac. La Chapelle passa ensuite par ventes successives aux familles Marchais, Labrousse et Durand aux XVIIIe et XIXe siècles, puis appartint, au tout début du XXe siècle, à Jean Fougerat, inventeur, pharmacien, philanthrope et viticulteur. Le château actuel a surtout été construit entre 1715 et 1780.
Le bâtiment associe deux parties juxtaposées en longueur : le logis au sud et la ferme viticole au nord. Le logis est un long bâtiment d'un étage avec balustrade et terrasse, flanqué de deux tours carrées couvertes en ardoise, orienté vers l'est-sud-est et la vallée ; entouré de vignes, il évoque les châteaux du Bordelais. La terrasse de 2 500 m² est desservie par un escalier monumental menant à une fontaine couverte. Au nord, le corps de ferme s'organise autour d'une vaste cour carrée et comprend écuries, chais, distillerie et logements annexes. Le château est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1976.