Origine et histoire
Le domaine de Meudon occupe l'arête d'un plateau dominant la Seine, offrant des vues sur Paris et le vallon de Chalais. Son histoire commence au bas Moyen Âge et se poursuit par d’importantes transformations de la Renaissance au Second Empire. Antoine Sanguin fit édifier un corps de logis vers 1520, ensuite agrandi pour Anne de Pisseleu, puis acquis en 1552 par le cardinal de Lorraine qui confia au Primatice la construction d'une grotte-pavillon et l'aménagement de terrasses et d'éléments décoratifs. Au milieu du XVIIe siècle, Abel Servien fit appel à Louis Le Vau pour un pavillon central, une grande terrasse et une orangerie, puis Louvois entreprit, dans les décennies suivantes, la reprise des façades, l'aménagement des douves, des communs et du chenil, tandis qu'André Le Nôtre dessinait les jardins et la grande perspective. Le Grand Dauphin, propriétaire à partir de 1695, confia à Jules Hardouin-Mansart de nombreuses réalisations : avant-corps, appartements, nouveaux communs, une chapelle et, à l'emplacement de la grotte, l'édification du Château-Neuf entre 1706 et 1709. Le Château-Vieux fut détruit par un incendie en 1795 ; le Château-Neuf subit un incendie en 1871 puis ses vestiges furent partiellement aménagés et transformés, à partir de 1878, pour accueillir un observatoire sur lequel Constant Moyaux intervint, et qui fut rattaché à l'Observatoire de Paris en 1927. Le parc connaît aussi une longue histoire scientifique et aéronautique : une ferme-portique conçue par Henri de Dion pour l'Exposition de 1878 fut réutilisée à Meudon comme hangar pour dirigeables, l'établissement aéronautique militaire de Chalais reçut en 1879 un hangar provenant de la Galerie des Machines, un musée de l'Air y fut créé en 1921 (avant son transfert au Bourget en 1983), une soufflerie réalisée par Gaston Lemarec fut installée en 1934, et l'ONERA poursuit des recherches à Chalais depuis 1946. L'ensemble du domaine national de Meudon est classé au titre des monuments historiques, et le hangar Y du parc de Chalais‑Meudon bénéficie également d'une protection spécifique. Aujourd'hui le domaine est partagé : la partie basse, comprenant la grande terrasse et l'orangerie, est gérée par la ville et ouverte au public ; la partie haute, comprenant l'observatoire, les jardins hauts et les communs, dépend de l'État et de l'Observatoire de Paris et reste en grande partie inaccessible. Plusieurs éléments subsistent et ont été restaurés, notamment l'orangerie principale qui a fait l'objet d'une restauration récente, tandis que la grande terrasse, les communs du Grand Dauphin, le chenil de Louvois et des vestiges du Château‑Neuf témoignent encore de l'ampleur passée du site. Le sous-sol conserve un fort potentiel archéologique : caves et fossés du Château‑Vieux semblent encore en place sous la pelouse, mais aucune fouille exhaustive n'a été menée. Des projets de reconstitution de la Grande Perspective, engagés depuis les années 1980, restent en cours de concertation. Le domaine de Meudon reste ainsi un lieu complexe, mêlant traces monumentales, patrimoines scientifiques et enjeux de gestion partagée entre l'État et la commune.