Origine et histoire du domaine de Senelles
Le domaine de Senelles, situé rue Clémentine Steef à Bias (Lot-et-Garonne), a d’abord été au XVIIIe siècle une pépinière royale où poussaient des mûriers blancs puis des pruniers. Acquis au milieu du XIXe siècle par Désiré de Brondeau, il est transformé au tournant des années 1880 par son fils Léon de Brondeau, collectionneur d’art et homme aux intérêts multiples. À l’origine, la maison comportait deux niveaux ; Léon y ajoute une galerie et des dépendances en pisé, puis orne l’ensemble des façades de plats, d’assiettes, de carreaux et de panneaux de céramique disposés selon un souci géométrique et harmonieux qui trahit son esprit scientifique et sa formation médicale. Il fait appel à des céramistes et à plusieurs manufactures, parmi lesquelles Sarreguemines, Choisy-le-Roi et Gien, ainsi qu’à des créateurs comme André Vincent Vieillard et Théodore Deck ; Deck signe notamment une grande plaque représentant Urania, peinte par Eugène Gluck. Outre la décoration extérieure, Léon de Brondeau recouvre les murs de la cage d’escalier d’un vaste collage de caricatures, reproductions et maximes provenant de journaux satiriques tels que L'Assiette au beurre, Le Grelot ou L'Esclave ivre (période circa 1870-1906). Ces décors, qui reprennent parfois les thèmes présents en façade, traitent de politique, d’anticléricalisme et de la séparation de l’Église et de l’État, ainsi que de questions sociales comme le mariage, l’homosexualité et la prostitution. Parmi les dessinateurs représentés figurent André Laclotre, Émile Colh, Gustave Frison, Edmond Lavrade, Jules Grandjouan et André Gill ; certaines caricatures d’André Gill, parues dans Les Hommes d'aujourd'hui, sont reproduites sur une série de six assiettes scellées en façade. Léon de Brondeau, veuf en 1883 et sans descendance, lègue en 1906 le domaine à la commune de Villeneuve-sur-Lot avec l’obligation d’y maintenir des fermiers pendant 99 ans ; le domaine se situe cependant sur la commune de Bias, devenue indépendante en 1935, qui rachètera le legs en 2005. La maison aux assiettes s’est dégradée au fil du temps et a nécessité des travaux de restauration ; elle a été inscrite au titre des monuments historiques le 26 novembre 2012. Les collections mobilières de Léon — bronzes, pendules et peintures — ont été léguées au musée des Beaux-Arts d’Agen. En 2020, le domaine a été retenu parmi les douze sites de Nouvelle-Aquitaine pour bénéficier de l’aide du Loto du patrimoine et devait recevoir une aide de 300 000 euros de la part de la Fondation Bern.