Patrimoine classé
Le logis, les dépendances disposées autour d'une cour, le bassin avec sa citerne, la fontaine, le belvédère du XIXe siècle, l'ermitage, les trois portails avec les murs de clôture anciens, le parc dessiné par le paysagiste Fischer (cad. AP 3, 6, 229, 230, 291, 293, 296, 297, 299, 300 ; AE 204 ; AH 636) : inscription par arrêté du 26 octobre 2000
Personnages clés
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| Bernard de Lamolère-Sibirol |
Propriétaire ayant reconstruit le domaine au XVIIIe siècle. |
| Jean-Baptiste de Lamolère |
Neveu de Bernard de Lamolère-Sibirol, héritier du domaine. |
| Marquis de Cahuzac |
Maire de Floirac et propriétaire du domaine au XIXe siècle. |
| Jules Pinson |
Propriétaire du domaine à partir de 1912. |
| Pierre Lafont |
Propriétaire actuel ayant entrepris des replantations et fait don du domaine à la ville de Floirac. |
| Michel de Montaigne |
Philosophe ayant visité le domaine en 1585. |
| Duc d'Épernon |
Noble ayant séjourné au domaine en 1649. |
| Cardinal Mazarin |
Homme d'État ayant visité le domaine en 1650. |
| Louis-Bernard Fischer |
Architecte paysagiste ayant conçu le jardin à l'anglaise. |
| Étienne Laclotte |
Architecte bordelais potentiellement impliqué dans la conception de la 'salle fraîche'. |
Origine et histoire
Le domaine de Sybirol, situé avenue Pierre-Sémirot à Floirac, s'étend sur près de 21 hectares et abrite une chartreuse du XVIIIe siècle. L'ensemble bâti ainsi que le parc sont inscrits aux monuments historiques (26 octobre 2000) et le parc est ouvert au public. Le site tire ses origines de l'époque médiévale, lorsqu'il était connu sous le nom de château de Feuillas ou Feuillasse; de cette période subsistent quelques ruines et soubassements dans le parc, notamment près de la "salle fraîche". La maison noble, attestée depuis le XVe siècle, devint pendant les guerres de Religion un lieu de rendez-vous pour les huguenots. Elle a accueilli plusieurs personnalités, parmi lesquelles Michel de Montaigne en 1585, le duc d'Épernon en 1649 et le cardinal Mazarin en 1650. Le bâtiment fut démoli puis entièrement reconstruit entre 1722 et 1728 par Bernard de Lamolère-Sibirol, dont le nom a donné celui du domaine. En 1765 le domaine passa à son neveu Jean-Baptiste de Lamolère; au XIXe siècle il changea de mains et fut acheté par le marquis de Cahuzac, maire de Floirac en 1874, puis Jules Pinson en fit l'acquisition en 1912. Les descendants de Pinson, parmi lesquels le propriétaire actuel, ont raconté des usages de chasse motivant l'achat et la création de palombières dans le parc. Entièrement reconstruit au XVIIIe siècle, le logis relève du type régional de la chartreuse, une longue maison bordelaise de plan rectangulaire dont la travée centrale est surmontée de deux ailerons très étirés et d'une corniche. Implantée sur le rebord du coteau, la maison, perchée à plus de 60 mètres au-dessus du niveau de la Garonne, offre une vue sur la plaine, la Garonne et Bordeaux. Les dépendances (écuries, chais) s'organisent autour d'une cour carrée et les pièces de réception ont conservé leurs lambris, leurs stucs et leurs cheminées. Le nom de l'architecte n'est pas connu avec certitude; la présence de la "salle fraîche" laisse toutefois envisager la possible intervention de l'architecte bordelais Étienne Laclotte, auteur connu d'une autre salle de ce type dans la région. La "salle fraîche" comprend deux parties: un bassin ornemental décoré de balustres, alimenté par des canalisations recueillant l'eau de pluie et muni d'un trop-plein, et une salle souterraine en contrebas qui recevait ces eaux. La salle souterraine, d'environ 3 m sur 6 m, est voûtée en cul-de-four aux extrémités et en ogives au centre; elle comporte une ouverture d'éclairage sur la façade ouest et une citerne d'environ 50 cm de profondeur avec trop-plein. Le parc, qui occupait jadis 53 hectares comme propriété agricole, est aujourd'hui implanté sur 23 hectares et bénéficie d'un classement au code de l'environnement en plus de l'inscription au titre des monuments historiques. En 1856 le marquis de Cahuzac transforma l'ancienne exploitation en parc paysager en faisant appel à l'architecte paysagiste Louis-Bernard Fischer, qui conçut un jardin à l'anglaise sur la parcelle actuelle. Une serre, adossée à la chartreuse et traitée comme un grand fronton, reçoit un rocaillage de calcaire destiné aux orchidées et aux pivoines, avec un système d'irrigation par écoulement. Le parc a été fortement endommagé par la tempête de décembre 1999, qui a abattu plusieurs centaines d'arbres, y compris un grand cèdre planté au XVIIIe siècle; néanmoins subsistent de nombreux sujets issus des plantations de Fischer, parmi lesquels cèdre du Liban, chêne, cyprès et hêtre. Depuis plus de dix ans, le propriétaire Pierre Lafont a entrepris des replantations dans le bois et mis en place une gestion aussi écologique que possible. Un belvédère en rocaillage, construit en béton imitant le bois et l'une des premières utilisations de ce matériau, se dresse dans la forêt de chênes; il abrite en sous-sol le château d'eau alimenté par un puits. Parmi les autres vestiges du parc figurent une petite chapelle, l'Ermitage, installée au milieu des arbres et faisant face à Bordeaux, ainsi qu'une fontaine dite de Monrepos, replantée à l'extrémité de l'ancienne allée principale après avoir été déplacée lors des travaux routiers des années 1980. Le propriétaire Pierre Lafont a décidé de faire don du domaine à la ville de Floirac afin de préserver son intégrité face aux enjeux immobiliers et de l'ouvrir au public, permettant la création d'une continuité paysagère entre le parc des Coteaux, le parc de Sybirol et le Cypressat. La ville de Floirac est désormais chargée de la préservation de ce domaine naturel et de l'aménagement de liaisons douces entre le bas et le haut de la commune.