Origine et histoire
Le château de Tilloloy, situé sur la commune de Tilloloy à 7 km au sud de Roye dans la Somme, est une propriété privée dont le château et le parc sont classés monuments historiques. Il présente la particularité, partagée avec d'autres châteaux de la Somme, de n'avoir jamais été vendu et d'être resté dans une même famille. Au XIVe siècle la seigneurie relevait de la châtellenie de Nesle et appartenait à Jean du Fay; elle passa aux Soyécourt au XVIe siècle par le mariage d'Antoinette de Rasse avec Jean III de Soyécourt, puis, au début du XVIIe siècle, à Ponthus de Belleforière. Après la reddition de Corbie en 1636, Antoine Maximilien de Belleforière, gouverneur de la ville qui s'était rendu aux Espagnols, fut condamné à mort par contumace et le château fut détruit; réhabilité en 1643, il obtint du roi un dédommagement pour la reconstruction. Son fils Charles-Maximilien de Belleforière, marquis de Soyécourt et comte de Tilloloy, courtisan apprécié de Louis XIV et nommé Grand Veneur de France en 1669, fit construire le château actuel à partir de 1645. Par le mariage de leur fille Marie Renée de Belleforière avec Thimoléon Gilbert de Seiglière en 1682, Tilloloy entra dans la famille de Seiglière. La succession passa ensuite à Joachim Adolphe de Seiglière, puis à Louis Armand de Seiglière, qui fit remanier le château en 1752 par l'architecte parisien Étienne-Louis Boullée; l'aspect extérieur fut conservé tandis que l'intérieur fut entièrement réaménagé et redécoré. Mort sans postérité, Louis Armand laissa Tilloloy à son frère Joachim Charles de Seiglière, qui fut guillotiné pendant la Terreur. Au XIXe siècle, le domaine entra par alliance dans la famille d'Hinnisdäl. Le comte Henri d'Hinnisdäl le fit restaurer dans les années 1880 par les frères Duthoit. Incendié et plusieurs fois bombardé pendant la Première Guerre mondiale, le château n'était en 1918 réduit qu'à des pans de murs. La comtesse Thérèse d'Hinnisdal entreprit au début des années 1930 une restauration attentive confiée à l'architecte Albert Montant, qui releva le château presque à l'identique en réemployant autant que possible les éléments sauvés. La charpente du toit fut refaite en béton et les décors intérieurs reconstitués, notamment la cage d'escalier; dans la salle à manger fut installé un grand poêle provenant de l'ancien château de Champien. La comtesse mourut sans postérité; le château revint à sa seconde nièce, la marquise d'Andigné, et la fille de celle-ci est aujourd'hui propriétaire. Le château, les bâtiments des communs et les trois portails ont été classés monuments historiques, de même que les douves sèches, le jardin à la française avec ses allées, vases et bancs de pierre, l'ancien portail de l'hôtel parisien d'Hinnisdal et la grande allée avec ses bosquets reliant le château au village de Laucourt. Édifié en brique et pierre dans le style caractéristique du XVIIe siècle, le château présente un pavillon central peu saillant flanqué de deux corps latéraux terminés par des pavillons en retour sur la cour d'honneur, et alignés du côté du parc. Il est entouré de douves sèches et s'ouvre sur une vaste avenue axiale; de l'ancien parc à la française subsiste à l'arrière un vaste parterre aujourd'hui en friche, de nombreuses allées dans le bois et surtout la grande allée axiale avec bosquets qui relie le château à Laucourt. L'avant-cour d'honneur est bordée d'un côté par les communs et par l'ancien portail de l'hôtel parisien d'Hinnisdäl, installé au début du XXe siècle, et de l'autre par l'église Notre-Dame de Lorette, ancienne chapelle castrale restaurée après la guerre de 1914-1918, avec sa façade en briques et ses ornements en pierre de style Renaissance. Les communs, également en brique et pierre, forment un corps rectangulaire orné d'un avant-corps central surmonté d'un fronton sculpté et flanqué de deux pavillons plus élevés. Un portail latéral donne accès à la cour de dépendances bordée de bâtiments à l'architecture composite, parmi lesquels un grand colombier, des remises et des étables; l'ensemble des bâtiments, durement touchés en 1914-1918, a été reconstruit à l'identique. Le parc accueille régulièrement des événements musicaux; depuis 2016 s'y tient annuellement le festival de rock Rétro'C'Trop, programmé fin juin-début juillet, qui a accueilli des artistes tels que Sting, Roger Hodgson, Trust, Ange (2018), Les Insus, The Beach Boys, The Stranglers, The Pretenders, Uriah Heep (2017), Scorpions, Hubert-Félix Thiéfaine, Ten Years After, ZZ Top et Jethro Tull (2016).