Origine et histoire
Le domaine de Vert-Mont, aujourd'hui situé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine, Île-de-France), a d’abord été rattaché au domaine impérial et conserve une terrasse de l’époque consulaire attribuée à l’architecte paysagiste Louis‑Martin Berthault. Constitué entre 1855 et 1858 par l’helléniste et ethnologue Gustave d’Eichthal à partir de parcelles détachées du domaine de Bois‑Préau et de terres voisines, il formait à l’origine un ensemble paysager de douze hectares. Une première demeure, élevée vers 1858 au lieu‑dit « les Fossés », comportait un étage et un toit‑terrasse ; elle fut fortement endommagée par un incendie en 1870. Le financier et philanthrope américain Edward Tuck acquit la propriété en 1898, la rebaptisa Vert‑Mont et fit bâtir, autour de 1900, le château actuel de style néo‑Louis XVI sur la base du bâtiment ancien, le rez‑de‑chaussée conservant la trace de la construction antérieure. Les deux étages supérieurs, ornés de frontons triangulaires distincts du rez‑de‑chaussée, soulignent les phases successives de construction. Avant 1910 fut ajouté au corps de logis un jardin d’hiver dit « salle de verdure » ; la salle de bains est intégralement décorée de faïence de Venise à motifs végétaux. Le parc, redessiné par Edward Tuck lui‑même, comprenait plusieurs bâtiments érigés dans un style régionaliste — écuries, serres, orangerie — ainsi qu’une usine électrique aujourd’hui transformée en pavillon de gardien. En 1924 Tuck transmit la propriété à sa nièce Dorothy Morgan Hall tout en en conservant l’usufruit jusqu’à sa mort. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le domaine fut successivement occupé par les Allemands, les Américains puis la Royal Air Force, et un rapport d’expert attribue la majeure partie des dégradations à l’occupation britannique (72 %) contre 25 % pour l’occupation allemande. En 1954 Mme Hall vendit le domaine à la société civile immobilière Rueil Vert‑Mont, représentée par Madeleine Eristov Gengis‑Khan (née Schmid), sous la réserve qu’un programme conforme aux idéaux d’Edward Tuck soit réalisé. Divers projets se succédèrent entre les années 1960 et 1980 ; le « Centre de coopération intellectuelle internationale » occupa le domaine de 1958 à 1973 sans réussir pleinement à s’y installer. Mme Eristov et la SCI apporteront finalement le domaine à la Fondation Tuck, créée en 1990 avec l’Institut français du pétrole (devenu IFP Energies nouvelles) ; la dotation initiale comprenait le domaine, réduit aujourd’hui à six hectares, et des fonds apportés par l’Institut et l’École nationale supérieure du pétrole et des moteurs (IFP School). Le parc est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 14 novembre 1994 et bénéficie du label « patrimoine du XXe siècle ». Le château et le domaine, construits pour Gustave d’Eichthal et reconstruits pour Edward Tuck, abritent aujourd’hui la Fondation Tuck liée à l’IFP Energies nouvelles.