Période
2e moitié XXe siècle
Patrimoine classé
La totalité de l'ensemble bâti et paysager correspondant à la zone agricole (1 NC) du plan d'occupation des sols des communes de Tourtour et Flayosc, y compris trois oeuvres de Yassilakis Takis intitulées : onze symboles agricoles, ensemble de quatorze sphères, le jardin des sondes (cad. Flayosc A 17 à 19, 26 à 38, 64 ; Tourtour C 323, 332, 577, 584 à 599, 604, 605, 606 à 610, 708 à 716, 722, 723, 744 à 752, 793, 824 à 826, 832, 837, 838, 840 à 842, 845, 846, 849 à 851, 856, 858, 859, 986 à 991, 993 à 998) : inscription par arrêté du 17 juillet 2009
Origine et histoire du domaine des Treilles
Le Domaine des Treilles s'étend à cheval sur les communes de Tourtour et Flayosc, dans le Var, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, à environ 15 km au nord-ouest de Draguignan. Il a acquis sa renommée avec la création de la Fondation des Treilles par Anne Gruner Schlumberger, fondation active dans le développement international des sciences, des lettres et des arts. Le label "Patrimoine du XXe siècle" lui a été attribué par la Commission régionale du patrimoine et des sites le 28 novembre 2000, dispositif remplacé en 2016 par celui de "l'Architecture contemporaine remarquable". Les éléments principaux du domaine ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 17 juillet 2009 et l'ensemble se situe en secteur Amh. Sur la commune de Tourtour, le sous-secteur de la zone A dite "secteur Amh" couvre environ 90 hectares et fait l'objet d'un périmètre de protection de 500 mètres qui recouvre également Flayosc. Sur la commune de Flayosc, le plan d'occupation des sols classait précédemment le domaine en zone d'urbanisation future sur environ 150 hectares, classement jugé inapproprié lors de l'instruction du plan local d'urbanisme en raison de l'absence de projet abouti et d'équipements et réseaux, notamment d'eau potable, malgré un projet de nouveau forage. Le Projet d'Aménagement et de Développement Durable envisage toutefois la possibilité d'un projet touristique futur, auquel cas le PLU devra être modifié ou mis en compatibilité ; le classement en zone d'urbanisation future a été abandonné car les terres conservent une vocation agricole et naturelle. Les travaux d'aménagement et de construction du domaine se sont déroulés entre 1960 et 1980 ; il occupe près de 300 hectares à une altitude moyenne d'environ 600 mètres. Le paysage associe parcelles agricoles — vignes, oliviers en restanques, amandiers, lavandin — et vastes espaces paysagers composés de forêts et de végétation libre, principalement chênes verts, pins d'Alep et pin sylvestre. La rivière Florieye prend source à Fonfiguière, à deux kilomètres à l'est du village de Tourtour ; elle passe sous un pont médiéval près des ruines de l'abbaye de Florièye sur la commune de Tourtour et conflue avec l'Argens 26 km plus loin, sous le domaine de Saint-Martin de Taradeau. Une étude géologique et hydrogéologique du domaine a été réalisée par le BRGM en 1974 et le Schéma directeur de gestion des eaux pluviales de la commune de Flayosc apporte des informations sur l'hydrologie du secteur de Florièyes ; des recherches de nouvelle ressource en eau par forage ont par ailleurs été menées par M. Tennevin Guillaume, géologue et hydrogéologue. La Fondation des Treilles abrite la collection d'art du XXe siècle constituée par Anne Gruner Schlumberger, comprenant notamment des œuvres de Victor Brauner, Max Ernst et Takis. Pour accueillir les hôtes de la fondation, Anne Gruner Schlumberger fit restaurer et aménager le domaine entre 1960 et 1980 sous la direction de l'architecte Pierre Barbe et du paysagiste Henri Fisch, en privilégiant un style provençal intégré au paysage naturel. Après l'acquisition des premières maisons en 1960, Pierre Barbe restaura de 1960 à 1963 la maison du hangar (aujourd'hui bureaux administratifs et hangar des véhicules incendie), la maison du gardien et la maison Gisclard. Le grand mas, alors en ruine, fut reconstruit de 1965 à 1968 sous le nom de "grande maison" et abrite une bibliothèque ; Moussu, l'Ammonite et la Maison des enfants et des jeux (ultérieurement la "Petite Maison") furent également reconstruites. Entre 1968 et 1970 fut édifiée Barjeantane, qui accueille aujourd'hui le Centre Jean Schlumberger, puis de 1978 à 1981 Pierre Barbe réalisa la maison de Fonction, la maison d'Amis et l'Atelier. Yves Nioré construisit la maison des Chênes et le Pertus entre 1982 et 1985, tandis que Chouchanik Seferian érigea la maison de l'Informatique (aujourd'hui maisons des Sondes, après l'installation en 1986 du jardin des Sondes de Vassilakis Panayotis Takis) et la maison de Lou Pra, conçue par l'architecte Patrick Vallet. La propriétaire a commandé des sculptures à plusieurs artistes, parmi lesquels Max Ernst, Henri Laurens, François-Xavier Lalanne et Vassilakis Takis. Certaines parties du domaine sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. Les recherches archéologiques ont mis en évidence une occupation continue du site d'Arquinaut depuis la protohistoire — âge du Bronze final, premier âge du Fer — puis à l'époque gallo-romaine et médiévale ; les fouilles de juillet 1978, qui ont suivi les prospections d'André Taxil, ont révélé des vestiges et des habitats successifs. Le dégagement du site de Calamantran a mis au jour un oppidum et un habitat médiéval succédant à l'occupation de l'âge du Fer. Selon le Service régional de l'inventaire, la première abbaye cistercienne aurait peut-être été fondée sur le territoire d'Arquinaut, et au XIXe siècle la chapelle Notre-Dame-de-Florièye était parfois appelée "Notre Dame d'Arquinaut", sans doute en référence au site sur la colline de Calamantran au sein du domaine.