Donjon de Clermont dans l'Oise

Patrimoine classé Patrimoine défensif Donjons

Donjon de Clermont

  • 15 Impasse Duvivier
  • 60600 Clermont
Donjon de Clermont
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Donjon de Clermont
Donjon de Clermont
Donjon de Clermont
Crédit photo : Guillaume de clermont 60 - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat

Période

XIe siècle (?), XIIe siècle (?)

Patrimoine classé

Donjon (ancien) : inscription par arrêté du 5 avril 1950

Origine et histoire du Donjon

Le donjon roman de Clermont, malgré de nombreuses transformations, figure parmi les plus anciens, les plus grands et les mieux conservés de Picardie. Édifié au XIe ou au XIIe siècle par un comte de Clermont, il a été rattaché à plusieurs reprises au domaine royal puis à la maison de Bourbon. Transformé en résidence par la princesse d'Harcourt au début du XVIIIe siècle, il a subi de profondes modifications après le déclassement de la ville comme place forte, puis fut successivement utilisé comme maison d'arrêt, maison centrale de détention et école pour jeunes délinquantes. Implanté à la pointe du promontoire formé par la promenade du Châtellier, le donjon est une construction quadrangulaire de 25,50 m sur 17,50 m qui domine la ville, bien qu'une partie ait été abaissée après l'effondrement provoqué par la tempête de 1984. Louise Michel y fut détenue lorsqu'il fonctionnait comme prison à la fin du XIXe siècle.

Des historiens signalent l'existence, au Xe siècle, d'un autre château en bois protégé par un talus, destiné à repousser les invasions normandes. Aux siècles suivants, le château fut la résidence des comtes de Clermont, notamment Robert de Clermont et son épouse Béatrice de Bourgogne, et il exerçait un grand pouvoir sur un comté s'étendant des frontières du Beauvaisis jusqu'au château de Creil. Dès le XIIe siècle, la ville et le château furent entourés de murailles et de remparts : l'accès au domaine se faisait par une porte fortifiée rue du Donjon, proche de la porte Nointel, puis par un pont franchissant un fossé rempli d'eau et un pont-levis bordé d'une enceinte intérieure. L'enceinte extérieure comprenait un talus abrupt au nord relié au massif du château par une tour d'angle; les murs de fortification longeaient la rue du Tour-de-Ville avant de rejoindre la porte Nointel et le chemin d'accès. De l'autre côté, une tour et une muraille suivaient la rue du Général-Moulin jusqu'à la ruelle des Teinturiers, où se trouvait une porte et une petite tourelle détruite en 1853.

Une collégiale, rebâtie par le comte Renaud II et dédiée en 1114, se trouvait à l'intérieur du château; elle fut utilisée jusqu'en 1359 et remplaçée par l'église Saint-Samson, et l'on observe encore des vestiges de la collégiale dans une niche de la porte Nointel et à l'hôtel de ville. Après les dommages subis lors du siège de 1359, des travaux de restauration des enceintes furent entrepris à partir de 1370 et s'inscrivent dans la continuité des fortifications du bourg amorcées sous Philippe Auguste; quelques vestiges de ces aménagements subsistent, tels que la tour des Gloriettes, la tour de Buha et la porte Nointel. La disposition intérieure du château reste mal connue, mais au XVIe siècle on y trouvait des appartements pour le comte, le bailli et son lieutenant, une prison dite « derrière les fons », une chambre des interrogatoires, une hucherie, un puits, un appentis pour l'artillerie et une chambre du trésor des terres.

La princesse d'Harcourt, après avoir acquis le comté au début du XVIIIe siècle, fit combler une partie des fossés et niveler l'enceinte extérieure pour créer le parc du Châtellier; elle fit également reconstruire une collégiale en prolongement du donjon, consacrée à l'évêque de Beauvais, laquelle comportait une voûte en pierre de taille, onze croisées vitrées, douze contreforts et des caveaux sous la nef destinés aux inhumations des chanoines. Après la Révolution, le donjon fut confisqué et réaffecté successivement à des usages militaires et pénitentiaires : écuries pour un détachement de cavalerie, puis lieu de détention pour prisonniers de guerre, avant d'être vendu comme bien national en 1798.

Au XIXe siècle, l'administration départementale racheta le bâtiment et le transforma en maison de correction, puis une ordonnance de 1826 en fit une maison centrale de détention pour femmes de plusieurs départements; l'établissement accueillit notamment des détenues de la Commune de Paris, dont Louise Michel, qui y fut la seule prisonnière politique pendant plus d'un an. L'architecte Godde procéda en 1806 à des réparations significatives, modifiant la couverture en dos d'âne et supprimant les vestiges d'une tour partiellement encastrée sur la façade nord-est. Les murs, d'environ quatre mètres d'épaisseur, sont bâtis en gros moellons taillés et appareillés, renforcés par huit contreforts qui montent jusqu'aux sommets; chaque grande façade est percée de 24 fenêtres, réparties en séries de six correspondant aux quatre étages, et le rez-de-chaussée est entièrement voûté.

Au XXe siècle, le donjon accueillit une école de rééducation pour jeunes filles en 1908; durant la Seconde Guerre mondiale il servit successivement de lieu d'incarcération pour prisonniers français, d'internement pour ressortissants de pays belligérants et, en 1944, de lieu de détention pour des prisonniers politiques. Inscrit au titre des monuments historiques en 1950, il fut adjugé en 1951 puis occupé comme habitat par divers particuliers, avant d'être racheté par la ville de Clermont en 1968, revendiqué à nouveau en 1970 et endommagé par la tempête de 1984 qui entraîna l'effondrement d'une partie du monument et de son toit. À terme, un réaménagement des abords vise à créer un théâtre de verdure et un accès direct au parc du Châtellier.

Le donjon présente de nombreux points communs avec d'autres donjons médiévaux tels que ceux de Loches, Beaugency, Montbazon, Arques-la-Bataille et le château des comtes de Flandre à Gand, tant par la forme que par les dimensions. Il mesure 25,50 m sur 17,50 m, s'élève à quelque 30 mètres au-dessus de la ville et se voit de loin par beau temps, depuis plus de dix kilomètres, à plus de 130 mètres au-dessus du niveau de la mer.

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