Origine et histoire du Donjon
Le donjon de Jayac, situé dans le village de Jayac en Périgord noir (Dordogne, Nouvelle-Aquitaine), est un édifice du XIIe siècle aujourd'hui découronné. L'accès se fait par un porche en arc brisé qui conserve quelques pans de murailles et l'ouvrage présente d'étroites meurtrières. La terre de Jayac dépendait de la vicomté de Turenne, partagée en 1251 entre Raymond VI de Turenne et sa sœur Hélis, épouse de Rudel Hélie d'Aillac. Leur fille Marguerite de Bergerac donna Jayac en 1282 à Bernard Albouin, chanoine de Saint‑Junien, avec la terre de La Cassagne; ce dernier échangea la seigneurie en 1299 avec Pierre du Val contre des biens à Perpezat. En 1338 Amélie du Val épousa Armand de Guerre; en 1444 Catherine de Guerre, fille de Bernard de Guerre, épousa Jean III de Carbonnières, et en 1480 elle donna le château à leur fils Jean IV de Carbonnières. En 1549 Charles de Carbonnières est mentionné comme seigneur de Jayac dans le rôle de cotisation de la noblesse pour le diocèse de Sarlat. Pendant les guerres de religion, la famille de Carbonnières resta catholique malgré la conversion protestante du seigneur de la vicomté; en 1575 Gautier de Carbonnières fut capitaine de Jayac et son frère Charles prit parti parmi les ligueurs. Le 18 août 1578 Henri de Navarre le pria, par lettre, de venir à Nérac pour la réception de la reine de Navarre Marguerite et de sa mère Catherine de Médicis. En 1594 le seigneur de Jayac figura parmi les gentilshommes réunis contre les Croquants. En 1604 Jean‑Charles de Carbonnières, d'une branche cadette, participa au complot du duc de Bouillon; les comploteurs furent condamnés à mort aux Grands Jours de Limoges, quelques‑uns furent exécutés et un pardon royal fut accordé en 1607 à ceux qui n'avaient pas été mis à mort. Le donjon était probablement déjà en ruine au XVIe siècle : en 1590 Léonarde et Catherine de Carbonnières firent construire dans l'enceinte un châtelet accolé à une tour ronde, qu'elles léguèrent à leur frère, doyen de la cathédrale de Sarlat, lequel réunit alors deux tiers de la seigneurie. Le 24 février 1727 Isaac de Carbonnières, chevalier et seigneur de la Garrigue et de Jayac, épousa Marie‑Anne de Courtioux, demoiselle de Peyrefumade. En 1775 un abbé de Carbonnières estima les réparations du château à 5 500 livres; seules les interventions les plus urgentes semblent avoir été réalisées. La seigneurie resta souvent tenue par des doyens et passa d'oncle à neveu; Louis de Carbonnières légua les deux tiers qu'il possédait à Henri de Carbonnières, seigneur de Mayac. À la Révolution la seigneurie appartenait entièrement à Louis, baron de Carbonnières, qui avait épousé en 1787 Madeleine Sclaffer de Laroque; le fief fut incendié en 1790. En 1792 Louis émigra; son épouse fut arrêtée et emprisonnée à Sarlat, où elle donna naissance à une fille, Henriette; les biens de Louis furent saisis comme biens d'émigré et, de retour en France, il ne put récupérer qu'une partie de ses possessions. Henriette, héritière de Jayac, épousa en 1808 son cousin René‑Henri‑Charles de Carbonnières; le château demeura dans la famille jusqu'en 1875. Le donjon de Jayac fait l'objet d'une protection au titre des monuments historiques et a été inscrit le 12 octobre 1948.