Origine et histoire du Donjon de la Boyle
Le donjon de la Boyle, situé sur la commune de Brezons (Cantal, Auvergne-Rhône-Alpes), occupe le flanc méridional du Plomb du Cantal, au nord de Pierrefort. Monument principal subsistant d'un château du XVe siècle partiellement démantelé en 1628, il paraît avoir constitué l'essentiel de l'ancienne forteresse. Sa construction présente un plan rectangulaire et, au milieu de la façade sud‑ouest, une tourelle à trois pans coupés renferme un escalier à vis desservant les trois étages. Le rez‑de‑chaussée, surélevé au‑dessus d'un sous‑sol voûté en berceau, est divisé en deux pièces voûtées d'ogives dont les nervures sont profilées d'un filet encadré d'un cavet. Ces nervures retombent par pénétration dans les angles à partir d'une clé circulaire sculptée d'un écu. Chacune des pièces possède une vaste cheminée ; la plus grande servait de cuisine. Une porte au linteau orné de moulures prismatiques, dont les extrémités pénètrent dans la partie supérieure des piedroits moulurés en quart de rond, met chaque pièce en communication avec la cage d'escalier. Les embrasures des fenêtres comportent des bancs. À chaque étage, la disposition se répète avec quelques différences : les salles hautes sont couvertes d'un plafond de bois et ne possèdent pas de cheminées. L'escalier débouche en haut sur un chemin de ronde pourvu de mâchicoulis et porté en encorbellement sur une rangée de corbeaux ; le donjon est percé vers les angles d'archères. Une hotte surmontée d'un tuyau d'évacuation forme une sorte de cheminée à ciel ouvert. La seigneurie de Brezons est attestée sur ce site depuis la fin du Xe siècle et la lignée s'éteint en 1622. Les seigneurs de Brezons ont donné à l'abbaye de La Chaise‑Dieu deux abbés aux XIIe et XIIIe siècles, et Charles de Brezons (1545-1609) fut gouverneur de la Haute‑Auvergne nommé par la famille de Guise. Le premier château, élevé sur le rocher du Meynial, fut brûlé au XIVe siècle par Renaud de Murat ; il fut reconstruit au XVe siècle, mais seul le donjon subsiste aujourd'hui. À la fin des guerres de Religion, le château fut partiellement démantelé en 1628 sur ordre de Richelieu, deux des trois tours ayant été détruites. Le donjon a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 11 avril 1958. L'appellation « La Boyle » est récente, utilisée depuis les années 1960 ; le lieu‑dit était auparavant désigné Laboual, Laboal ou La Bohal dans de nombreux documents. Selon une légende locale, le donjon marquerait la limite au‑delà de laquelle les pies, prétendument excommuniées pour vols, ne pourraient plus voler.