Origine et histoire du Donjon de Lenest
Le donjon de Lenest (ou de Lenet) est un édifice fortifié situé à Saulgé, dans le département de la Vienne. Selon la tradition, un officier irlandais nommé Gréor d'Esmond, dit duc de Lenet, s'établit aux environs de 950 et épousa Mathilde Coote d'Écosse. Pour avoir défendu leurs domaines contre les Vikings, le prieuré de Noirmoutier et le duc de Bretagne lui accordèrent des terres près de Limoges. Les descendants de cet officier furent d'abord au service du duc de Bretagne, puis s'allièrent par mariage aux comtes de Provence et jouèrent un rôle notable dans l'histoire régionale. Une branche bourguignonne, alliée aux Condé, a notamment donné Pierre Lenet, connu par des lettres de Madame de Sévigné. En Bretagne, des membres de la famille exercent des fonctions de procureur syndic à Sarzeau et à Vannes, et le nom a évolué de Lesnet à Lenet puis Le Net, évolution qui s'est répercutée sur le toponyme de la presqu'île de Rhuys. La famille reçut le titre du Motenno-Kerio et des fiefs en Rhuys, dont Noyal, Pontivy, Remungol et Crédin, et certains de ses membres furent au service de seigneurs comme Richard d'Étampes et Olivier de Clisson. Avant de devenir un château, le site était une motte féodale qui reçut un donjon vers le XIIIe siècle. Le donjon de Lenest est classé monument historique depuis 1990. Diverses familles et branches — Lesnet, Lenet, Le Net, Le Nest, Le Netz, ainsi que la branche majeure des Nesmond et les seigneurs de Meix, de Charette et Villote — sont présentées comme issues de cette famille poitevine, et des liens présumés sont évoqués avec d'autres familles telles que Ney, Naïs, Noaille et Le Nais. Les armoiries varient selon les seigneurs : les Lesnet portent trois cors de chasse, les Nesmond une croix occitane surmontée de trois cors, et les Le Net du Motenno de Kerio présentent un champ jaune traversé d'une bande bleue et surmonté de trois cors de chasse.
Il ne subsiste aujourd'hui que des vestiges des remparts et le donjon ruiné. Le château s'organisait autour d'un corps central carré de trois étages, cantonné de quatre tourelles et adossé au mur d'enceinte. Au fil du temps, l'ensemble et son domaine ont été reconvertis en exploitation agricole ; des bâtiments domestiques occupent désormais l'intérieur de la muraille. Le donjon est en ruine et dépourvu de toiture. Plusieurs éléments témoignent de la qualité architecturale et du confort recherché : portes, encadrements de fenêtres, cheminées — notamment celle de la salle principale au premier étage — latrines intégrées dans une tour et traces d'un décor peint. En revanche, la présence d'archères canonnières rappelle la nécessité de défense contre d'éventuelles attaques ou bandes de pillards. Enfin, les sources et archives mentionnant la famille et le site comprennent des références et fonds tels que François Le Felle de Guébriant, les archives Rohan & Rohan-Chabot de Kerghennec, ainsi que des personnes citées dans les documents historiques comme Jehan de Lesnet et Jean Le Net.