Origine et histoire du Donjon
Le château de Pons, dont le donjon est le symbole visible de loin, se situe sur un promontoire au-dessus de la vallée de la Seugne, sur le tracé des voies de pèlerinage entre Saintes et Blaye. Le site, aménagé sur l'emplacement d'un oppidum, semble exister depuis le Xe siècle. Le donjon actuel, élevé au cours de la seconde moitié du XIIe siècle lors de la reconstruction menée par Geoffroy III de Pons après la destruction de 1179, constitue l'un des meilleurs exemples de donjon-palais roman de Saintonge. La ville se développa autour de l'édifice et fut entourée de remparts achevés vers 1230, ce qui fit du castrum une place forte convoitée appartenant successivement au sire d'Aulnay, aux ducs d'Aquitaine puis aux sires de Pons. Devenu fief huguenot, Pons subit des sièges et des attaques en 1570 et 1574 ; en 1598 la place, proclamée place de sûreté, reçut des renforts défensifs autour du donjon et des réparations des remparts. Après la reddition de 1621, le démantèlement des défenses fut ordonné et le château fut en partie rasé ; en 1622 les armées de Louis XIII détruisirent à nouveau l'ensemble, à l'exception du donjon et de quelques éléments défensifs. À partir de 1623 et jusqu'en 1670, des travaux relevèrent partiellement l'enceinte arasée : on remonta tourelles et courtines et l'on bâtit un édifice étroit à l'aplomb de la falaise sur les bases des remparts et des anciennes caves, adossé à de grandes arcatures. César Phébus d'Albret fit édifier le corps de logis et ordonna la construction d'un grand escalier monumental qui relie la ville-haute à la ville-basse ; la galerie d'arcades de la façade sud, avancée au‑dessus de la falaise, fut achevée après 1660. La municipalité acquit les bâtiments en 1806, aménagea l'esplanade en jardin public et installa l'hôtel de ville dans le corps de logis. Le donjon est classé au titre des monuments historiques depuis le 8 octobre 1879 ; les façades et toitures de l'hôtel de ville ainsi que les arcatures servant de soubassement ont été inscrites le 13 juin 1991 ; deux plafonds peints du XVIIe siècle ont été classés le 12 juin 1992, un arrêté du 29 mars 2023 a complété et abrogé les précédents arrêtés d'inscription, et en décembre 2024 l'ensemble de l'ancien château a fait l'objet d'un arrêté de classement.
Le donjon, haut de 33 mètres, repose sur une base de 26,45 mètres sur 15,25 mètres ; ses murs en pierre de taille ont une épaisseur de 2,5 mètres sur trois côtés et de 4,40 mètres au nord. L'intérieur comportait trois niveaux et était à l'origine accessible par une entrée nord conduisant au premier étage par un escalier en bois amovible ; l'accès se fait aujourd'hui par un escalier à vis en pierre intégré dans l'épaisseur des murs. Le premier étage offre une vaste salle éclairée au sud par deux fenêtres géminées surmontées de deux baies en plein cintre ; d'autres ouvertures ont été percées ultérieurement selon les usages. Jusqu'en 1904 le sommet était couronné d'un entablement à créneaux ; cette année-là Émile Combes fit ajouter des mâchicoulis et des échauguettes d'angle inspirés d'une gravure, travaux financés par la vente d'une cheminée désormais au château d'Usson. Depuis la terrasse du donjon la vue porte sur toute la ville et la vallée de la Seugne.
Le corps de logis, élevé sur les vestiges médiévaux, fut transformé au XVIIe siècle : Henri Ier d'Albret fit construire un manoir vers 1630, puis César Phébus d'Albret l'agrandit à partir de 1652 en lui donnant une largeur plus importante et deux étages sur caves voûtées ; la partie centrale menaçant ruine fut démolie en 1816. La façade sud, portée par une galerie d'arcades, laisse apparaître en retrait les soubassements du château médiéval et s'ouvre sur le jardin public aménagé en terrasses. Deux plafonds peints du XVIIe siècle, l'un dit « oratoire » dans une petite salle du rez-de-chaussée de la tour carrée, l'autre dans une grande salle basse de la partie centrale, ont été protégés : le premier présente Vénus sur un char tiré par des colombes et des angelots dans les panneaux d'angle, le second est un plafond à caissons moulurés de style Louis XIII.
Le jardin public, installé en terrasses sur les anciens remparts, offre des vues plongeantes sur la vallée sinueuse de la Seugne et ses bras d'eau ; il a d'abord été transformé en 1665 en jardin à la française attesté par une aquarelle de 1714, puis réaménagé vers la fin du XIXe siècle et refait en 1885 avec l'ajout d'un grand bassin. Deux accès remarquables donnent sur les terrasses : l'escalier en vis d'une ancienne tourelle de défense, vestige du château détruit en 1622, et l'escalier César Phébus d'Albret, conçu en 1665 avec 124 marches réparties en cinq volées et six paliers, qui relie les jardins supérieurs au pied des remparts et à la Seugne ; il permet d'observer la muraille médiévale du XIIe siècle et la terrasse bâtie en 1630 reposant sur des arcades. À l'extrémité du jardin se trouvent la chapelle Saint-Gilles et la façade reconstruite d'une maison de style Renaissance ; sous la chapelle, la porte Saint-Gilles marquait l'entrée du château.
Les bâtiments publics sont visitables et le donjon s'insère dans un ensemble roman comprenant la porte Saint-Gilles surmontée par la chapelle, qui abrite un musée archéologique, l'hôpital des pèlerins avec son jardin médicinal, l'église Saint-Vivien et les maisons avoisinantes.