Origine et histoire de l'École nationale supérieure des beaux-arts
L’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, couramment nommée Beaux-Arts de Paris, occupe une partie de l’ancien couvent des Petits Augustins et reçoit des éléments provenant notamment de la façade du château d’Anet et des restes de l’hôtel de la Trémoille. Établissement public national relevant du ministère chargé de la Culture et membre de l’université Paris Sciences et Lettres, elle a pris officiellement ses locaux en 1817. Héritière des académies et écoles antérieures — l’Académie royale de peinture et de sculpture et l’Académie de Saint-Luc — l’École prolonge une tradition d’enseignement artistique qui remonte aux institutions académiques citées dans ses archives. Les ateliers de l’ancienne Académie royale siégèrent dans la Grande Galerie du Louvre avant la suppression des académies en 1793.
Les bâtiments forment un vaste ensemble sur la rive gauche de la Seine, entre la rue Bonaparte et le quai Malaquais, et datent des XVIIe, XVIIIe, XIXe et XXe siècles. La chapelle et ses annexes constituent la construction la plus ancienne, édifiée au début du XVIIe siècle pour le couvent des Petits Augustins, et intègrent notamment une chapelle hexagonale liée au palais disparu de la reine Margot. À la suite de la Révolution, le site accueillit le musée des Monuments français créé par Alexandre Lenoir, puis fut affecté à l’École après la fermeture de ce musée lors de la Restauration ; une partie des collections fut néanmoins dispersée.
Au XIXe siècle, François Debret puis son élève Félix Duban construisirent et aménagèrent le Palais des Études, la salle des Loges et les bâtiments d’exposition donnant sur le quai Malaquais, en réemployant des éléments architecturaux et décoratifs provenant de monuments anciens, parmi lesquels des fragments d’Anet et de Gaillon. L’établissement s’est étendu avec l’achat de l’hôtel de Chimay et fut doté après 1945 d’ateliers conçus par Auguste Perret. Divers éléments des bâtiments et de leurs décors bénéficient de protections au titre des monuments historiques attribuées à plusieurs dates au XXe siècle.
L’agrandissement des infrastructures après la Seconde Guerre mondiale et la croissance des effectifs, notamment à partir de 1968, ont entraîné la construction d’ateliers supplémentaires sur site, l’implantation de locaux préfabriqués et la dispersion progressive de certaines unités pédagogiques hors des locaux historiques ; des ateliers nouveaux ont également été ouverts à Saint-Ouen. Parallèlement, l’État a mené, entre les années 1975 et 1985, des travaux de restauration visant la cour Bonaparte, le Palais des Études, la cour du Mûrier, la cour de l’hôtel de Chimay et la chapelle, et des opérations ultérieures ont porté sur l’accessibilité avec l’installation d’ascenseurs.
Installée au cœur de Paris, l’École attire des étudiants nationaux et internationaux et combine enseignement magistral et travail en ateliers, soutenus par des infrastructures pédagogiques — bibliothèque, musée, médiathèque — et par la proximité de nombreux musées, galeries et ateliers d’artistes. Historiquement organisée autour de sections académiques, l’institution a connu d’importantes réformes : la réforme de 1863 a modifié son organisation administrative, et la réforme de 1968 a entraîné la séparation de l’enseignement de l’architecture en unités pédagogiques d’architecture, qui sont devenues depuis des écoles nationales supérieures d’architecture. La réforme pédagogique de la fin des années 1960 a aussi élargi le recrutement et modifié les modalités d’admission et de délivrance des diplômes, qui ont évolué ensuite vers le DNSAP puis des formations master et des harmonisations européennes introduites depuis 2006.
L’organisation actuelle privilégie le fonctionnement par ateliers : la scolarité comprend une première année pluridisciplinaire, le choix d’un atelier, puis un cursus en deux ans complétant le premier cycle, une année d’expérimentation et une année de préparation au diplôme, la durée totale pouvant aller de trois à cinq années, avec une année post-diplôme non obligatoire.
Les collections de l’École constituent un patrimoine scientifique et pédagogique très important : près de 450 000 œuvres et documents composés de peintures (parmi lesquelles des noms cités dans les collections), de dessins, de sculptures, d’objets d’art, d’éléments d’architecture, de médailles, de gravures, de photographies, de livres et d’archives manuscrites. Ces fonds, qui illustrent l’histoire de l’enseignement artistique officiel, sont conservés, décrits et présentés ponctuellement dans l’enceinte de l’École, notamment au cabinet Jean Bonna, et en prêt pour des expositions extérieures ; une part significative des notices est consultable dans la base numérisée Cat’zArts et via les catalogues nationaux.
La bibliothèque, aménagée sur les projets de Félix Duban et ouverte au public d’études sous la direction d’Ernest Vinet à partir de 1864, a été agrandie et rénovée au fil du XXe siècle puis transformée en médiathèque d’actualité Stratis Andréadis en 1994, offrant un fonds documentaire dédié à la création contemporaine et aux enseignements de l’École.
L’École dispose d’espaces d’exposition ouverts au public sur le quai Malaquais et a servi à plusieurs tournages. Elle a par ailleurs fait l’objet de controverses récentes, notamment une pétition en 2018 dénonçant des faits de harcèlement sexuel et moral, suivie d’une mission d’inspection du ministère de la Culture sur l’application des objectifs d’égalité dans l’établissement.