Période
4e quart XIXe siècle, 2e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Façades, toitures et passage cocher (cad. 17 : 02 BQ 37) : inscription par arrêté du 14 avril 1987 - Décors intérieurs des pièces et éléments suivants : escalier avec son décor ; rez-de-chaussée : ancien petit salon, ancien grand salon, ancien boudoir, ancienne salle à manger ; premier étage : ancien petit salon, ancien grand salon, ancienne salle à manger, ancien cabinet de travail ; deuxième étage : ancien billard, ancienne salle d'étude à usage de chapelle (cad. 17 : 02 BQ 37) : classement par arrêté du 14 avril 1987 - Bâtiment de la salle de concerts Alfred Cortot, 78, rue Cardinet (cad. 17 : 02 BQ 37) : classement par arrêté du 29 octobre 1999
Origine et histoire de l'École Normale de Musique de Paris-Alfred-Cortot
L'hôtel particulier qui abrite l'École normale de musique a été construit en 1881 pour la famille Rozard(s) par l'architecte Cochet, selon les sources dont le prénom varie. L'école a été fondée par le pianiste Alfred Cortot, associé dans certaines mentions à Auguste Mangeot ; différentes sources citent 1918 ou 1919 pour sa création. Installée dès ses débuts dans cet hôtel, l'institution visait à former à la fois des concertistes et des pédagogues et à promouvoir le répertoire français auprès d'étudiants étrangers. Dès l'origine, son enseignement associe classes instrumentales, musique de chambre, direction d'orchestre, composition, analyse, théorie et histoire de la musique, ainsi que des matières générales et de la pédagogie, sur un cursus de six ans sanctionné par des licences de concert ou d'enseignement. Auguste Mangeot assure la présidence tandis que Cortot prend la direction artistique et pédagogique, s'entourant d'un corps professoral nombreux et de maîtres renommés invités à donner des classes ouvertes aux élèves. Parmi les noms qui ont donné des masterclasses figurent, entre autres, Nadia Boulanger, Pablo Casals, Paul Dukas, Marcel Dupré, Reynaldo Hahn, Wanda Landowska, Marguerite Long, Igor Stravinsky et Jacques Thibaud. Cortot organise de nombreux concerts privés et donne lui-même de nombreux cours publics, publiant par ailleurs des ouvrages pédagogiques et des éditions de travail centrées sur les maîtres du piano romantique. L'école, tout en restant privée, fut placée en 1927 sous la double tutelle honorifique de ministères et déménage la même année dans l'hôtel donné à Cortot par la marquise de Maleissye au 114 bis boulevard Malesherbes, bâtiment fréquemment fréquenté par Marcel Proust. La salle de concert attenante, dite Salle Cortot, est construite à l'emplacement des anciennes écuries ; sa réalisation est attribuée à Auguste Perret ou, selon d'autres mentions, aux frères Perret ; sa construction débute en octobre 1928 et la salle est inaugurée en juin 1929. Les descriptions techniques soulignent une ossature en béton armé avec huit poteaux divisant le plafond en trois, un plan en T avec escaliers logés dans les angles, et un béton laissé apparent rehaussé de dorures sur colonnes et balcons. Les capacités et dimensions de la salle sont indiquées différemment selon les sources : on y lit successivement 492 places et capacité pour 50 musiciens, ou 400 places avec une scène pour 25 musiciens ; sa taille réduite et son aménagement ingénieux lui vaudront le surnom d'« armoire ». À son ouverture, la salle est saluée pour son architecture novatrice et la qualité de son acoustique ; elle accueille notamment la création en concert de la Symphonie pour un homme seul de Pierre Schaeffer et Pierre Henry. Les façades, toitures et le passage cocher de l'hôtel ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 14 avril 1987, et certains décors intérieurs du rez-de-chaussée et des deux étages sont classés par le même arrêté. La Salle Cortot bénéficie d'un classement au titre des monuments historiques par arrêté du 9 octobre 1999. Aujourd'hui présidée par Xavier Moreno et dirigée depuis le 1er décembre 2022 par Murielle Hurel‑Mezghrani, l'école compte environ 800 élèves chaque année et un corps enseignant d'environ 130 professeurs couvrant l'ensemble des disciplines de la musique classique, instrumentales, vocales et théoriques. Son enseignement professionnel s'organise en trois cycles — préparatoire, supérieur et de perfectionnement — et délivre successivement des brevets, diplômes d'exécution ou d'enseignement, puis des diplômes supérieurs, le cycle de perfectionnement aboutissant au « diplôme supérieur de concertiste ».