Origine et histoire
L'abbaye‑école de Sorèze, située sur la commune de Sorèze (Tarn), est implantée au nord de la Montagne Noire, sur un site marécageux bordant la rive du Sor. Fondée sous le nom de Sainte‑Marie de la Sagne vers 816, elle se développe au pied du castrum de Verdun, appelé plus tard Brunichellis. La période de prospérité du haut Moyen Âge se traduit par d'importants travaux dont proviennent quelque 150 vestiges lapidaires. L'abbaye subit plusieurs destructions puis est reconstruite par l'abbé Walafride en 903 ; les pillages protestants de 1571 et 1573 la réduisent ensuite en ruines. Le redressement commence avec le rattachement à la congrégation de Saint‑Maur en 1637, suivi d'une reconstruction complète entre 1638 et 1642. Les bâtiments s'organisent autour de cours intérieures héritées de l'implantation abbatiale du XVIIe siècle et enrichies aux XVIIIe et XIXe siècles. À l'origine l'abbaye comprenait une église bordant le cloître au nord, des bâtiments conventuels séparant une cour à l'ouest et un corps perpendiculaire flanqué de tours qui abritait le séminaire. Au XVIIIe siècle la cour devient cour d'honneur, le logement de l'abbé est aménagé autour d'un patio à l'angle nord‑ouest de l'église et le séminaire devient une aile de la cour des Collets Rouges. Au XIXe siècle sont ajoutées des dépendances au nord et au sud‑ouest, dont la chapelle Lacordaire, et la façade Est de la cour est raccordée aux deux ailes perpendiculaires. L'édifice conserve un décor intérieur de gypseries et présente des façades classiques en pierre de taille, régulières autour des cours. Dès 1682 l'abbaye ouvre un collège qui se développe tout au long du XVIIIe siècle grâce à un nouveau programme d'enseignement et d'études ; en 1776 le collège est transformé en école royale militaire. L'établissement traverse la Révolution et connaît encore des agrandissements sous la direction de Dom Despaux, puis de François Ferlus. L'école prend le titre de lycée impérial en 1813 et, en 1854, les dominicains sous la direction du Père Lacordaire reprennent la maison, y réalisent des aménagements et ouvrent une nouvelle entrée au collège. Une chapelle est élevée au sein des bâtiments scolaires entre 1844 et 1850 sous l'abbé M. Gratacap. L'établissement conserve sa vocation scolaire jusqu'en 1991, puis devient propriété d'un établissement public local accueillant musée, restaurant, hôtel et centre de formation. Depuis avril 2015 l'abbaye abrite le musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle ; un hôtel installé dans les bâtiments a ouvert en 2015 et fermé définitivement en 2019. Les travaux majeurs des XVIIIe et XIXe siècles respectent l'homogénéité classique des façades malgré les aménagements et agrandissements. L'ensemble des bâtiments, à l'exception de deux constructions modernes, ainsi que le parc, ses statues et le sol des cours, sont classés au titre des monuments historiques depuis le 5 août 1988. Le site a reçu en 2013 le label Maisons des Illustres en hommage à Henri Lacordaire. Une liste des abbés, dressée à la fin du XVIIe siècle par le bénédictin dom Étienne Dieulaura, recense quarante‑neuf abbés jusqu'en 1638 ; parmi les noms cités figurent Walafride, Barthélemy de Robin — initiateur de la reconstruction mauriste — et Jean VI Gabriel d'Agay de Mion, dernier abbé. L'histoire de l'école compte de nombreux anciens élèves illustres, parmi lesquels Simón Bolívar, Frédéric Bastiat, Henri Lacordaire et Claude Nougaro, représentants de carrières militaires, politiques, scientifiques et artistiques.