Origine et histoire
L’École des beaux-arts de Marseille, devenue en 2012 l’École supérieure d’art et de design Marseille‑Méditerranée (ESADMM) et intégrée en 2020 à l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille Méditerranée (INSEAMM), est un établissement public d’enseignement artistique placé sous la tutelle pédagogique du ministère de la Culture. À l’origine de cet établissement se trouve l’Académie de peinture et de sculpture de Marseille, fondée en 1752 et dirigée par des artistes comme Michel‑François Dandré‑Bardon et Jean‑Michel Verdiguier. L’Académie s’installa successivement dans divers locaux marseillais avant que la Révolution n’interrompe ses activités, puis elle soit reconstituée en 1796 sous le nom d’école de dessin. Installée au couvent des Bernardines, elle accueillait aussi le lycée impérial, l’Académie et le musée des Beaux‑Arts, puis s’installa en 1874 dans le palais des Arts.
Dans la seconde moitié du XXe siècle l’école a connu des réformes pédagogiques et une diversification des disciplines ; un nouveau bâtiment fut inauguré à Luminy le 4 mars 1969, marquant le transfert du campus au sud de Marseille. À la fin des années 1970, une réforme a conduit à la scission des enseignements des beaux‑arts et de l’architecture. Le passage en EPCC en 2012 a donné à l’école une autonomie de gestion favorisant les coopérations artistiques et la construction d’un espace européen d’enseignement supérieur ; l’INSEAMM comprend également le conservatoire national à rayonnement régional de Marseille et l’Institut national de Formation artistique Marseille Méditerranée.
Conformément aux accords de Bologne, les diplômes nationaux délivrés par l’école sont lisibles au plan européen : le diplôme national d’art (DNA), grade de licence, intervient après trois années avec une option art ou design, et le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) est délivré à l’issue de la cinquième année, option art ou design ; le DNSEP a obtenu le grade de master 2. Le Prix François Bret est décerné chaque année à un·e étudiant·e de cinquième année en art ou design.
L’école mène des projets d’ouverture et d’innovation : le programme Pisourd, site pilote national depuis 2005, offre des moyens techniques et humains pour accueillir les étudiant·e·s sourd·e·s et malentendant·e·s et a introduit l’apprentissage de la langue des signes française dès l’année universitaire 2005‑2006. La plateforme LoAD (Laboratoire ouvert Art Design), labellisée Aix‑Marseille French Tech, met à disposition des équipements contemporains — notamment des caméras Blackmagic, des bancs de montage Avid et Pro Tools — et fonctionne comme espace d’échange, de production et de fabrication audiovisuelle pour les étudiants et des partenaires extérieurs.
La pédagogie insiste sur l’engagement personnel et l’autonomie, l’accompagnement du projet artistique dès le premier cycle et l’accès large aux ressources de l’école en soirée et le week‑end ; l’accès à certains ateliers techniques est soumis à autorisation et la manipulation des bases « métal », « bois » et « terre » reste encadrée par du personnel enseignant ou technique. L’Institut de Formation Artistique Marseille Méditerranée (IFAMM) regroupe des ateliers publics, des stages intensifs et prépare au Certificat de formation de plasticien·ne·s intervenant·e·s (CFPI). Cinq ateliers publics répartis dans la ville accueillent près de 500 amateurs chaque année et proposent une pédagogie liant pratique et sensibilisation esthétique, ainsi que des projets partagés dans des contextes scolaires, hospitaliers, carcéraux ou sociaux.
L’école a ouvert en 2013 une classe préparatoire aux concours des écoles supérieures d’art et est membre de l’APPEA. Elle présente annuellement le travail de jeunes diplômés au salon Art‑O‑Rama et collabore régulièrement avec des structures comme le Centre international de recherche sur le verre (Cirva). Co‑organisatrice du Festival des arts éphémères au parc de la Maison Blanche, l’école y implique ses étudiant·e·s par des ateliers ouverts au public. Ses espaces d’exposition à Luminy accueillent les travaux d’étudiant·e·s et d’artistes invités, et les étudiants de quatrième année effectuent des séjours d’études à l’étranger dans le cadre d’échanges avec des écoles en Europe, aux États‑Unis, au Canada, en Mongolie, au Chili ou au Brésil.
Parmi les directions récentes figurent François Bret (1961‑1985), Jean‑Louis Connan (2008‑2017) et Inge Linder‑Gaillard (depuis le 16 décembre 2020). L’histoire de l’école est aussi marquée par des enseignants et anciens élèves remarquables, parmi lesquels on compte des noms tels qu’Augustin Aubert, Émile Loubon, Charles Camoin, César, Fernand Pouillon ou Piotr Klemensiewicz, qui témoignent de la diversité des pratiques et des parcours issus de cet établissement.