Origine et histoire de l'Édicule de la station Châtelet
L'accès à la station Châtelet est l'un des édicules du métro dessinés en 1900 par Hector Guimard pour la Compagnie générale du Métropolitain de Paris ; la station se situe sur la ligne 1, inaugurée la même année. Les réalisations de Guimard, conçues dans un style Art nouveau, vont des édicules couverts mêlant fer, fonte, verre et lave émaillée à des entourages plus simples composés d'une balustrade et d'un portique en fonte sculptée, repérables par leurs candélabres soutenant une enseigne « Métropolitain » et des verrines colorées. Conçues selon une logique modulaire, ces entrées associent éléments standardisés — panneaux de lave émaillée, montants en fonte, vitrages et marquises — et productions semi-industrielles afin d’être adaptées aux contraintes de chaque site. Guimard obtint la commande hors concours et livra rapidement dessins et projets, mais la collaboration avec la CMP se détériora pour des motifs financiers ; en 1903 une convention mit fin au contrat tout en permettant à la Compagnie de reproduire ses modèles. Entre le printemps 1900 et 1913, la CMP posa nombre d’ouvrages d’après ses plans : entourages à écussons ou à cartouches, édicules de deux modèles et trois petits pavillons destinés aux gares les plus importantes. Sur les 167 ouvrages édifiés d’après ses dessins, la plupart des édicules et près de la moitié des entourages furent détruits dans les décennies suivantes, l’Art nouveau passant de mode. Le choix des matériaux et des fournisseurs reflète le souci technique et esthétique de Guimard : pierres de soubassement, fontes produites en série, panneaux de lave émaillée, verrines et vitrages réalisés par des ateliers spécialisés. La simplicité des entourages convint bientôt la municipalité de généraliser ces modèles au détriment des édicules, initialement prévus en plus grand nombre. Au fil du XXe siècle, l’abandon, les remplacements par des modèles plus sobres et les difficultés d’entretien entraînèrent démontages et pertes, tandis que certaines pièces furent prêtées ou offertes à des musées et institutions étrangères. Dès les années 1960 la redécouverte de l’Art nouveau amorça des mesures de protection et des restaurations, et un arrêté de 1965 puis une inscription de 1978 protègent plusieurs ouvrages, inscription complétée en 2016 par l’ajout de l’entourage de la place de la Nation. La RATP a engagé depuis les années 1970 des campagnes de maintenance et, à l’approche du centenaire du métro, des restaurations à l’identique menées avec les services des Monuments historiques. Parmi les ouvrages conservés, l’édicule de la Porte Dauphine est le seul édicule B d’origine resté en place et restauré, et le modèle A à claire-voie déplacé est visible à Abbesses. La version allégée installée place Sainte-Opportune, qui offre un accès secondaire à la station Châtelet, est une reconstitution réalisée en 2000 d’un exemplaire initialement édifié à la Gare de Lyon. Longtemps controversées, les entrées de Guimard sont aujourd’hui reconnues comme des symboles de l’Art nouveau et du paysage parisien, contribuant à l’image et à l’imaginaire de la ville et demeurant un élément identitaire du métro.