Origine et histoire de l'Édicule de la station Cité
L'accès de la station Cité a été dessiné en 1900 par l'architecte Hector Guimard pour la Compagnie générale du Métropolitain de Paris. Il s'inscrit dans la série d'entrées conçues au tournant du XXe siècle, caractérisées par l'usage du fer, de la fonte, du verre et de la lave émaillée dans un vocabulaire Art nouveau. Les réalisations de Guimard pour le métro comprennent de simples entourages composés d'une balustrade et d'un portique en fonte sculptée, ainsi que des édicules couverts plus ou moins volumineux dotés de verrières. Les portiques portent des candélabres élevés, deux verrines colorées et une enseigne « Métropolitain » au lettrage créé par Guimard. Hors concours, Guimard fut choisi au début de 1900 pour habiller les accès du nouveau réseau alors porté par la CMP, choix qui suscita ensuite des désaccords avec la Compagnie. Ses premiers dessins, réalisés dans un délai très court, ont donné naissance à un système modulaire permettant de reproduire et d'adapter les éléments aux contraintes urbaines. Deux modèles d'édicule distincts et plusieurs variantes d'entourage furent dessinés, les édicules comportant des panneaux de lave émaillée enchâssés dans une armature métallique, des verrières et des couvertures spécifiques. Guimard imagina aussi trois pavillons plus vastes, destinés aux stations les plus importantes, avec guichets et salles d'attente rappelant par leurs formes les édicules. La fabrication fit appel à des ateliers spécialisés : fontes produites en série, panneaux de lave émaillée réalisés et émaillés par Eugène Gillet, verrines de cristal et menuiseries vitrées exécutées par maîtres verriers. Entre 1900 et 1913, la CMP installa de nombreux ouvrages signés Guimard, mais des 167 réalisations initiales la plupart furent démontées ou détruites au fil des décennies. Des choix esthétiques et pratiques de la Compagnie, ainsi que l'évolution des goûts vers l'Art déco, entraînèrent dès l'entre-deux-guerres le démontage ou la simplification de nombreux édicules et entourages. Le comportement d'entretien et la difficulté de conserver les marquises en verre ou les panneaux émaillés contribuèrent aussi à leur disparition. À partir des années 1960 la redécouverte de l'Art nouveau provoqua un mouvement de protection et de restauration des entrées restantes. Des mesures administratives et des classements progressifs inscrivirent plusieurs ouvrages au titre des Monuments historiques, la liste de 1965 incluant notamment la station Cité. Un arrêté de 1978 étendit la protection à un ensemble plus large des réalisations de Guimard, inscription renouvelée et complétée ultérieurement. La RATP a mené des campagnes de restauration depuis la fin du XXe siècle, optant pour des reprises à l'identique et la mise au point de variantes typographiques inspirées de Guimard. Aujourd'hui les entrées Guimard sont considérées comme des éléments emblématiques du paysage parisien et des symboles de l'Art nouveau. Outre leur fonction d'accès au réseau, elles témoignent de la volonté de concilier art, industrie et vie moderne, selon les principes que revendiquait Guimard. Leur vocabulaire ornemental privilégie la courbe et des formes stylisées tirées du végétal et de l'animal, visibles dans les candélabres, les écussons et les décors de fonte. Si ces motifs furent à l'origine vivement débattus, ils contribuèrent aussi à la postérité de Guimard et à la réévaluation de l'Art nouveau au XXe siècle. Certaines pièces originales ont été prêtées ou offertes à des musées et institutions étrangères, et quelques exemplaires ont été reconstruits ou déplacés pour conservation. L'entrée de la station Cité fait partie de cet ensemble protégé et illustre l'apport de Guimard au patrimoine urbain parisien.