Origine et histoire de l'Édicule de la station République
L'accès de la station du métro a été dessiné en 1900 par Hector Guimard pour la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP). La station se situe sur une section de la ligne 3 inaugurée en 1904 ; l'accès, de type secondaire, est implanté à l'angle de la place, face au départ du boulevard Magenta. L'arrêté de protection porte sur l'ensemble des réalisations subsistantes de Guimard pour le métro.
Hector Guimard, architecte lié à l'Art nouveau, a conçu au tout début du XXe siècle les entrées les plus célèbres du réseau parisien, bien qu'il n'ait pas participé au concours organisé en 1899 et qu'il se soit rapidement trouvé en désaccord avec la CMP. Après l'échec du concours, la compagnie choisit Guimard hors concours au début de 1900 et les premiers accès qu'il dessine sont édifiés à partir du printemps 1900 et jusqu'en 1913.
Ses réalisations prennent deux formes principales : de larges édicules couverts mêlant fer, fonte, verre et lave émaillée, et des entourages plus simples composés d'une balustrade et d'un portique en fonte sculptée surmonté d'une enseigne « Métropolitain » encadrée par de hauts candélabres. Les édicules associent panneaux de lave émaillée et vitrages, marquises et toitures, le modèle A étant d'allure plus conventionnelle et le modèle B présentant un profil plus audacieux avec une toiture en V et une évacuation centrale des eaux. Pour les stations importantes, Guimard préconise aussi de petits pavillons munis de guichets et de salles d'attente rappelant par leurs verrières et façades les édicules.
Les entourages simples sont généralement composés d'une rambarde en fonte dont les potelets encadrent des écussons sculptés, tandis que le portique repérable de loin porte une plaque émaillée au lettrage Art nouveau et deux verrines rouge orangé servant de signal lumineux ; la CMP installe par la suite des ampoules électriques sous les marquises et derrière les enseignes. Guimard privilégie des matériaux modernes et une conception modulaire : éléments standardisés en lave émaillée, verre, fer et fonte permettent une production en série et une adaptation aux dimensions des sites, au lieu d'un recours systématique à la maçonnerie traditionnelle.
Les relations entre Guimard et la CMP se détériorent rapidement pour des raisons financières et contractuelles ; une convention de 1903 met fin à la collaboration tout en transférant à la Compagnie les modèles et les droits de reproduction. Malgré des controverses et des commandes données à d'autres architectes, la CMP poursuit toutefois l'installation d'entourages Guimard jusqu'en 1913.
Sur les 167 ouvrages initialement édifiés, beaucoup sont détruits ou remplacés au fil des décennies, l'Art nouveau perdant de sa faveur au profit de styles plus sobres ; cependant les œuvres conservées participent à la postérité de Guimard et à la redécouverte de l'Art nouveau. À partir des années 1960, les entrées subsistantes font l'objet de mesures de protection et de restaurations, aboutissant à des inscriptions au titre des Monuments historiques dans les années 1960 et 1978, puis à des campagnes de restauration et de maintenance menées par la RATP en collaboration avec les services compétents.
Aujourd'hui, les accès dessinés par Guimard sont devenus des repères familiers du paysage parisien et des symboles reconnus de l'Art nouveau.