Origine et histoire de l'Église Saint-Rémy
L'église Saint-Rémy se situe sur la commune de Saint-Rémy-la-Varenne, dans le département de Maine-et-Loire. Le site a livré des vestiges d'une villa du Bas-Empire occupée jusqu'au début du VIe siècle, suggérant une continuité d'occupation. Des découvertes archéologiques au sud de l'église incluent un bassin, des tuyaux en plomb, des dalles d'hypocauste, des briques ornées d'un chrisme et plusieurs sarcophages en calcaire. Le lieu pourrait être lié à la villa Cariacum, évoquée dans la toponymie et dans des sources anciennes mentionnées dans le cartulaire de Saint-Aubin. En 929 la curtis Chiraci est donnée en bénéfice à l'abbaye Saint-Aubin et au chapitre de Saint-Lézin d'Angers ; ces établissements font édifier deux églises, dont Saint-Rémy ; un partage des terres intervient en 1014 et l'abbaye Saint-Aubin conserve le territoire autour de Saint-Rémy. Le prieuré de Saint-Rémy, avec ses dépendances — Grande Varenne, Herpinière et les moulins de Revault et de Landevert — constitue la principale possession de l'abbaye et l'office de prieur est attesté dès 1157. La physionomie actuelle de l'ensemble résulte d'une succession de campagnes de construction allant de la période carolingienne à la fin du Moyen Âge. La partie nord-ouest de la nef témoigne de la phase la plus ancienne : elle correspond à un bâtiment rectangulaire initial de 4,35 m de large sur 5,50 m de long, daté par certains auteurs entre la fin du Xe et le XIe siècle ; des datations au radiocarbone sur du charbon de bois fournissent un intervalle large allant de la fin du VIIIe siècle au début du XIe siècle. La fonction de cette structure est discutée : certains y voient une chapelle, d'autres une tour-clocher comparable à celle de Saint-Florent-du-Château. Des maçonneries ajoutées au nord, appartenant sans doute à la première nef, remontent probablement au milieu du XIe siècle. Sur la façade occidentale, un appareil mêlant blocs et moellons, distinct du parement de la tour-clocher, relève d'une campagne datable de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle, tandis qu'une extension de 2,80 m du mur de façade, peut-être liée à une surélévation gothique du pignon, a été réalisée à la fin du XIIIe siècle. Le chœur est édifié dans le deuxième tiers du XIIe siècle ; la travée qui le précède communique vers le sud avec la travée supportant le clocher. Les voûtes, de style gothique angevin, comportent huit nervures partant des clefs ; la clef de voûte nord représente un Christ montrant ses plaies, celle de la travée sud est armoriée. Une chapelle dédiée à la Vierge, rectangulaire (4,35 m × 4,55 m), s'ouvre par un passage large de 2,10 m sur le côté droit de la première travée du chœur ; elle communique également avec la travée gothique méridionale par une grande arcade et présente une voûte à nervures multiples. Le clocher actuel a été réalisé dans les années 1860 par l'architecte Alfred Édouard Heulin, qui a aussi construit la chapelle sud-ouest et renouvelé certaines sculptures. Les bâtiments conventuels médiévaux ont en grande partie disparu ; l'un des plus significatifs conservait une pièce voûtée en berceau brisé ornée de décors peints du XIIe siècle, et le logis prieural, construit au nord-est au XIIIe siècle, fut habité par les prieurs jusqu'en 1670, date à laquelle le prieuré est affermé. Le prieuré est vendu comme bien national en 1792 pour 85 600 livres ; la fabrique de l'église reçoit les bâtiments en donation en 1823, un presbytère est construit sur l'emplacement de l'aile nord et achevé durant l'hiver 1847-1848, et l'ancien logis est ensuite confié à un fermier. La commune rachète le prieuré en novembre 1988 et entreprend sa restauration ; une association créée en 1989 prend en charge l'animation du monument. L'église est classée au titre des monuments historiques le 16 décembre 1974. Pour approfondir, on peut se référer aux notices de Célestin Port et à l'étude récente publiée dans les actes du Congrès archéologique de France consacrés au prieuré de Saint-Rémy-la-Varenne.