Origine et histoire
L'abbaye de Bonlieu, située sur le territoire de la commune actuelle de Sainte-Agathe-la-Bouteresse (Loire), est une ancienne fondation cistercienne établie en 1199 par Guillemette (ou Ermengarde), épouse du comte de Forez Guigues II, à partir de moniales venues de l'abbaye Notre-Dame de Bellecombe. Troisième implantation cistercienne en Forez après La Bénisson-Dieu et Valbenoîte, le prieuré devint abbaye en 1259. Jusqu'au XVIIIe siècle, la communauté comprenait jusqu'à une douzaine de religieuses et quelques converses issues, comme les abbesses, de familles de la plaine du Forez. L'abbaye s'enrichit aux XIIIe et XIVe siècles grâce aux dons des comtes de Forez puis de la famille d'Urfé ; un Arnulphe d'Urfé semble avoir participé à la réfection de l'église au XIVe siècle et Claude d'Urfé fit ériger en 1543 un mausolée familial dans l'abbatiale. Les bâtiments conventuels en pisé furent à plusieurs reprises détruits par des incendies, notamment en 1682 et en 1711 ; après cette dernière reconstruction l'ensemble comportait deux corps de logis séparés par le canal du moulin, encore visible sur le cadastre de 1826, et un corps cloistral attenant au sud de l'église (des arrachements et des corbeaux sont visibles sur le mur sud). Aux XVIIIe siècle, les moniales développèrent les activités agricoles de l'abbaye ; l'église aurait alors été transformée en grange et divisée horizontalement par une voûte, ou ces aménagements ont pu intervenir après la vente de l'abbaye comme bien national en 1790. Au XIXe siècle, un incendie détruisit la majeure partie des bâtiments ; seule l'église paroissiale Sainte-Agathe subsiste. L'abbaye est principalement bâtie en briques et en pisé ; l'église présente des collatéraux de la même hauteur que la nef, un chœur heptagonal terminé par une abside à pans et deux absidioles dont l'axe forme un angle de 45° avec celui de la nef. La nef est voûtée d'ogives ; les murs nord, ouest et sud sont en moellons de grès, de calcaire et de granite, tandis que le chevet, les supports, arcs, ogives, voûtes, encadrements de baies et contreforts sont traités en parements de briques moulées, les interstices du chevet étant comblés par un blocage de petits moellons sur un soubassement de moellons. Outre les bâtiments, deux objets sont classés : une cloche du dernier quart du XVIIe siècle (classée le 16 juin 1952) et deux stèles funéraires du deuxième quart du XVIe siècle, commandées par Claude d'Urfé pour son épouse Jeanne de Balzac. Le site a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 17 avril 1952 ; l'arrêté de classement du 12 avril 2023 se substitue à cette inscription.