Origine et histoire
L'église Saint-Martin se dresse à Saint-Martin-de-Brômes, dans les Alpes-de-Haute-Provence, et domine le village depuis les aires de la tour. Une plaque indique qu'elle fut un ancien prieuré de l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Sa construction s'étend sur plusieurs périodes, ce qui lui confère un aspect composite et charmant. La nef centrale, romane, remonte aux XIe‑XIIe siècles ; elle est voûtée en berceau légèrement brisé, soutenue par des arcs doubleaux et s'achève par un chœur voûté en cul-de-four. Au XIVe siècle a été ajouté le collatéral sud, voûté sur croisées d'ogives. La chapelle nord, dédiée à saint Martin et aménagée au XVe siècle, prolonge le transept et donne à l'édifice sa forme de croix latine ; la clé de voûte représente l'agneau pascal. Un clocher pyramidal en pierre a été adossé à l'ensemble au XVe ou au XVIe siècle.
L'intérieur conserve des peintures exécutées entre 1890 et 1898 par Esprit Michel Gibelin, artiste aixois élève de Paul Cézanne, qui relate les scènes majeures de la vie de saint Martin — partage du manteau, messe miraculeuse, mort du saint, miracle de l'ours et l'été de la Saint-Martin ; les toiles signées sont classées au titre d'objets des monuments historiques et les autres sont inscrites. On y trouve également des épisodes de la vie de la Vierge, comme l'annonciation et le couronnement, ainsi que des représentations du péché originel et du voile de Véronique. Parmi les œuvres plus anciennes figure une Nativité en présence de saint Pierre et saint Martin datée de 1614.
Le mobilier et les statues sont variés : une statuette polychrome de saint Antoine du Désert, probablement des XVIIe‑XVIIIe siècles, le montre avec un cochon en référence à son rôle de patron des trufficulteurs ; une statuette de saint Jean‑Baptiste et une statue de sainte Philomène semblent dater du XIXe siècle, cette dernière faisant l'objet d'un culte controversé. Au‑dessus de l'autel de Saint‑Martin, une toile du XIXe siècle représente une Vierge à l'Enfant avec sainte Marguerite et saint Antoine et pourrait être une copie d'une œuvre de Pattriti du XVIIIe siècle. On note aussi une bannière de procession de la fin du XIXe siècle et la statue d'un pèlerin signée Enrico Campagnola, artiste ayant résidé et travaillé dans la commune à la fin des années 1970. Derrière l'autel majeur se trouve un tabernacle baroque en bois doré du XVIIIe siècle, et les vitraux, datés du XIXe siècle, ont été restaurés en 2016.
L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1959. Dans les années 1960, l'écrivain manosquin Jean Giono y maria sa fille, entouré de nombreux Saint‑Martinois en costumes provençaux. La sortie d'église d'un mariage, dans le film Mal de Pierres de Nicole Garcia, a été tournée autour de l'édifice.