Origine et histoire
L'église Saint-Martin se situe dans le Calvados, dans l'ancienne commune de Saint-Martin-du-Mesnil-Oury devenue commune déléguée de Livarot-Pays-d'Auge depuis le 1er janvier 2016. Elle occupe un coteau vallonné entre Livarot et Lisieux et domine la Vie ; isolée des habitations, son chemin d'accès a été modifié au XXe siècle et elle était autrefois entourée d'un cimetière. L'édifice actuel est pour l'essentiel daté du XVIe siècle, mais il conserve une porte ogivale du XIIIe siècle, des vantaux de la nef datés du XVIe et un porche attribué au XVIIe. Arcisse de Caumont a suggéré que la dédicace invite à une datation plus ancienne et a noté une incongruité entre le mode de construction et les revenus supposés de la paroisse. La toiture a fait l'objet de réparations urgentes en 1873, puis d'une restauration importante en 1920 (murs, charpente et couverture) financée par souscription publique ; des travaux complémentaires ont été menés à partir de 1976 sur la toiture, la voûte du chœur, le porche et le retable. Le porche a été classé à l'Inventaire supplémentaire en 1926 et l'édifice a été inscrit au titre des Monuments historiques le 29 novembre 1974. Des vols ont affecté le mobilier : une statuette de la Charité de saint Martin et une Vierge à l'Enfant ont été dérobées en 1979 (seule la statuette de la Charité a été retrouvée en Belgique) et une statue de sainte Barbe du XVIe siècle, en mauvais état, a été volée autour de 2000. Le terrain argileux contribue à la dégradation générale, avec des glissements vers l'ouest et le sud et un « risque d'écroulement de l'édifice » ; la sacristie présentait des fissures et un mauvais état, ce qui a conduit à la création d'une association de sauvegarde en 2004 et à des consolidations de la charpente et à l'assainissement des murs. Des travaux de restauration des enduits et des éléments en bois de la sacristie figuraient au programme en 2016. Le patronage de l'église appartenait à l'abbaye de Saint‑Pierre‑sur‑Dives.
L'édifice, qualifié par certains auteurs d'« édifice rustique » et de « mesquine bâtisse », présente cependant un intérêt particulier pour l'archéologue et pose des difficultés de datation. Il est construit en pierre et à pans de bois, avec présence d'argile et de traces d'opus spicatum parfois interprétées comme vestiges d'un bâtiment roman. Les fenêtres sont rectangulaires ; le clocher en charpente est couvert d'ardoises tandis que la nef est recouverte de tuiles. La nef, longue de 10 m, est moins large et moins haute que le chœur ; le mur sud du chœur est renforcé par un mur de briques. Le clocher abritait une cloche datée de 1734, remplacée en 1929. Le porche à auvent, large de 3 m et présent aussi dans d'autres édifices du pays d'Auge, était appelé porche aux lecturés car on y lisait des informations publiques ; il comporte des sculptures exceptionnelles d'anges musiciens vêtus de robes longues et une sablière portant une inscription datée de 1524. L'intérieur conserve un retable peint en trompe-l'œil, un tabernacle peint avec dôme et colonnettes du XVIIe siècle et plusieurs statues, certaines polychromes ; les statuettes du tabernacle représentaient le Christ, saint Martin et sainte Barbe, leur peinture bleu-gris donnant, selon une description, une « triste mine ». Deux statues des autels de la nef sont considérées comme médiévales par Arcisse de Caumont, et une Charité de saint Martin est datée du XVIe siècle ; les autels de la nef comportent des panneaux à traceries flamboyantes. Si Arcisse de Caumont jugeait le retable peint comme « une peinture de décoration sans valeur », il fut ultérieurement considéré, dans les années 1960, comme « la curiosité essentielle de cette église ».